Rapport n° 91194
Intervention de Christophe Boudot – 19 décembre 2024
Le 19 décembre 2024, en Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, Christophe Boudot (RN) est intervenu sur le soutien aux agriculteurs victimes de l’épidémie de fièvre catarrhale :
« Merci, Monsieur le Président.
Mesdames et Messieurs, la mortalité des cheptels suite aux attaques de la fièvre catarrhale est très importante dans notre Région. Plus de 1 000 exploitations ont été touchées avec des taux de mortalité qui peuvent dépasser les 50 % dans certains secteurs. De nombreuses exploitations bovines ont également été touchées en termes de mortalité, mais surtout en termes de baisse significative de la production.
En faisant le tour des exploitations chez moi, à Limonest et aussi d’autres dans le Rhône, il apparaît certaines observations que je voudrais vous faire remonter. D’abord, au plus fort des attaques, il est apparu un manque d’informations précises, notamment lorsqu’à l’été, le vaccin contre la souche 3 était disponible, mais inefficace alors que celui de la souche 8 qui faisait des ravages était introuvable.
En plein désarroi, les éleveurs voyaient leurs bêtes mourir sous leurs yeux et n’avaient d’autre solution parfois que de faire venir le vétérinaire pour administrer des anti-inflammatoires et autres, souvent en vain.
J’entends que la Région va aider à la recapitalisation des cheptels, mais ces mesures me paraissent très insuffisantes au regard du coût réel des agnelles reproductrices. Une belle agnelle coûte environ 150 euros et au printemps, ce sera peut-être le double.
De même, je comprends qu’il faille poser des seuils de remboursement et que les budgets sont contraints. Néanmoins, le coût réel de la perte d’une jeune brebis qui, en huit ans, aurait pu donner naissance à une douzaine d’agneaux n’est pas assez pris en compte. En outre, les échographies que vous proposez sur des brebis sont une aide appréciée, mais son complément logique serait de favoriser les spermogrammes pour détecter le plus tôt possible, les béliers stériles ou affaiblis.
En conclusion, je voudrais profiter de ce rapport, Monsieur le Président, pour dénoncer solennellement devant votre assemblée, la violence et la comédie que nous ont joué certains députés en Commission, encore fatigués – semble-t-il – de leur retour matinal de Paris.
Je ne vais pas leur faire l’affront de les citer – n’est-ce pas, Monsieur TAITE –, mais au nom des 11 millions d’électeurs du Rassemblement national et aux millions d’autres qui nous rejoignent, je voudrais leur rappeler quelques vérités qu’ils feignent encore d’ignorer.
Il y a quelques semaines, au Parlement européen, a été réélue à la tête de la Commission, Madame Ursula VON DER LEYEN, grâce aux voix de vos familles politiques. Madame VON DER LEYEN que vous soutenez, n’a jamais caché son intention de signer le traité de Mercosur. Madame VON DER LEYEN que vous soutenez, n’a jamais caché sa volonté de privilégier l’industrie allemande au détriment des éleveurs français.
C’est donc en pleine connaissance de cause que le parti unique que vous représentez désormais, a voté pour elle et a signé la mort prochaine de milliers d’exploitations françaises. Ces violences verbales sont d’un autre temps et sont inadmissibles. Ces violences cachent, à mon avis, votre impuissance. Elles cachent aussi votre volonté d’instaurer une souveraineté européenne qui scelle malheureusement le sort de nos paysans.
Mesdames et Messieurs, je le répète. Chers collègues, il n’y a de souveraineté que nationale et je vous le dis, vous nous trouverez toujours sur votre chemin pour faire apparaître au grand jour vos duplicités. Nous n’avons aucune leçon à recevoir de vous et les paysans français ne sont pas dupes. Je vous remercie. Nous voterons le rapport en toute responsabilité. Merci beaucoup. »
Réponse de Benoit Auguste aux accusations du président de l’assemblée :
« Merci, Monsieur le Président. Simplement par rapport à cette crise agricole, pour vous rappeler quelques vérités et quelques éléments factuels, comme vous le dites. Il y avait 1,6 million d’exploitations agricoles en 1984. Il y en a environ 500 000 maintenant. Depuis 1970, ce sont 3 millions d’hectares de terres agricoles qui ont été perdus. C’est un agriculteur sur trois qui vit avec moins de 350 euros par mois, un déficit de la balance commerciale agricole en 2023 qui n’est pas dû à la dissolution et un suicide d’agriculteur tous les deux jours.
Donc, le fait de tout faire reposer sur la motion de censure est une honte de votre part. Vous êtes tous en face de moi, responsables de cette catastrophe agricole, que ce soit la gauche ou les LR avec des Présidents successifs. Vous n’avez aucune leçon à donner sur cette participation du RN à la crise agricole puisque nous n’en sommes pas du tout tributaires.
Enfin, je m’étonne et je pense que vous allez éclaircir votre propos sur le fait d’être content que les permanences parlementaires soient murées. C’est une honte. »