Rapport n° 83488
Intervention d’Alexis Jolly – 22 mars 2024
Le 21 mars 2024, en Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, Alexis Jolly (RN) s’est prononcé sur le contrôle de la Chambre régionale des comptes au sujet de la politique de la montagne :
Monsieur le Président, Chers collègues
Ce rapport de la CRC a suscité beaucoup de réactions notamment chez les professionnels de la montagne et du tourisme et on comprend pourquoi.
D’abord parce qu’il s’agit d’un nouveau rapport qui sort quelques semaines après celui du député renaissance Joël Giraud (ex socialiste) et qui condamnait à mort lui aussi à moyen terme les stations de ski.
Inutile de vous expliquer les nombreuses réactions de ceux qui vivent et qui travaillent de la montagne et qui n’acceptent plus de recevoir à la fois des injonctions de ces bureaucrates coincés qui rédigent des rapports sans rien y connaître. Et des neo-ruraux qui s’échappent de la ville vers la montagne pour y imposer leurs cantines végétariennes, la fin du ski et la décroissance. Restez dans vos grandes villes, les Français ont assez souffert !
Restez dans vos grandes villes car il reste dans nos territoires des femmes et des hommes têtus, bornés, travailleurs, passionnés, ancrés qui veulent continuer de pouvoir vivre de leurs mains, de ce que leurs parents et grands-parents ont bâtis : des hôtels, des restaurants, des stations de ski, des entreprises, des fermes, tout un savoir-faire que la gauche une fois de plus voudrait faire disparaître.
Laissons le soin aux professionnels de la montagne d’écrire leur avenir. Ce sont eux qui ont amorcé depuis plusieurs années l’adaptation au changement climatique. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu les rapports de députés ou de magistrats, ni non plus les politiques publiques des départements ou de la région qui veulent s’accaparer la paternité de la transition économique du secteur à grands coups de banderoles, de stickers, de panneaux, de doudounes et autres tours de cou.
Finalement, ce sont eux qui appliquent la meilleure politique qui soit : celle du bon sens.
La montagne en France n’a pas dit son dernier mot, à condition que l’Etat l’accompagne dans une stratégie de planification à long terme.
Ce que nous voulons pour nos montagnes, c’est de l’ambition, de l’innovation pour perpétuer nos traditions, notre économie et notre cadre de vie. C’est la défense de notre agriculture, de nos industries de montagne, des savoirs-faires y compris le savoir d’organiser des grandes compétitions sportives ou des festivals internationaux. Ne les opposons pas !
Les défis à relever sont immenses et ne pourront se résumer à une politique régionale certes bienfaisante, il faut bien le dire, mais peu efficace sans un Etat stratège prenant en compte les spécificités de chaque massif.
Si les politiques publiques doivent continuer de soutenir la pratique du ski, notamment à travers des aides au financement dans la neige de culture, les collectivités bénéficiant de subventions doivent elles aussi pouvoir justifier de leur utilité à moyen terme, et je le crois, doivent être conformes aux attentes environnementales que l’époque et que la population imposent désormais, sans toutefois tomber dans l’extrémisme vert et dans la décroissance.
Il faut progresser, innover, investir et s’adapter à la concurrence étrangère qui a démontré que l’aménagement du territoire en faveur du ski n’est pas incompatible avec le respect de l’environnement. C’est aussi ce que font les entreprises privées qui gèrent les domaines skiables et qui ne cessent de s’adapter : par la rénovation des remontées mécaniques, l’engazonnement des pistes en été, le pompage-turbinage entre deux lacs d’altitudes comme à Villard de Lans et encore bien des choses.
Ces entreprises investissent leur propre argent, les dirigeants hypothèquent leurs maisons pour investir car ils croient en leur projet et nous devons aussi croire en eux.
Soyons pragmatiques : il n’existe aucun modèle touristique capable de remplacer la pratique du ski mais soyons également mesurés. Il n’y a guère d’espoir pour des stations situées trop bas et où l’attrait touristique a disparu. C’est un fait.
Pour autant, de nouvelles filières de tourisme naissent déjà grâce au talent des populations qui vivent passionnément dans leur territoire. C’est de cette manière qu’on a vu s’organiser dans le Vercors des randonnées pour observer le loup, car oui l’écologie positive ça n’est pas l’écologie par les carabines.
Comment pourrait-on permettre aux jeunes natifs de nos montagnes de vivre une vie sur leurs terres lorsque l’Etat contraint le développement des villages et que la gauche s’oppose à tous les projets touristiques pourtant créateurs d’emplois ?
Comment permettre un accès aux stations de ski pour les Français et les nombreux touristes étrangers alors que les projets chemin de fers en France sont à la remise ?
Comment aider les propriétaires à rénover les logements de lits froids dans ces copropriétés vieillissantes alors que le Mozart de la finance Emmanuel Macron a endetté la France de plus 900 milliards d’euros ?
Comment soutenir nos fleurons industriels de montagne tandis que la concurrence déloyale les attaque de plein fouet ?
Autant de questions qui méritent des réponses que vous ne pourrez pas apporter.
Parce que derrière votre pièce de théâtre de défenseurs des territoires, vous restez les architectes de tous les échecs de la France, dans tous les domaines, sans aucune exception.
Je vous remercie.