Rapport n° 6443
Intervention de Marie Dauchy – 18 mars 2022
Le 18 mars 2022, en Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, Marie Dauchy a commenté le plan régional de santé destiné à lutter contre les desserts médicaux :
Monsieur le Président, chers collègues,
Vous soumettez à notre vote un plan régional de santé aux intentions louables, avec des propositions dont certaines vont dans le bon sens et soyez rassurés, nous voterons pour.
Toutefois sur certains aspects, ce rapport semble être plus une action de communication qu’autre chose.
Pour commencer, vous vous gratifiez dès le début, de votre bilan et de vos actions en matière de santé, notamment dans les mesures prises lors de la pandémie de la covid-19.
Nous ne nions pas l’utilité des actions menées par la région puisqu’il convient de rappeler que les grandes difficultés que nous avons rencontrées dans la gestion de cette crise sanitaire, découlent pour une large partie du manque d’effectifs et de lits disponibles au sein de nos hôpitaux.
Nous avons récupéré les conséquences de mauvaises décisions prises pendant des années de la part de nos gouvernants.
Par exemple, entre 2003 et 2017, 69 000 lits d’hospitalisations ont été supprimés d’après les chiffres du ministère de la Santé et de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, dont 46 000 lorsque votre famille politique était au pouvoir.
Sans parler des 5700 lits supprimés en 2020, en pleine crise covid mais cette fois-ci, ce n’est pas de votre fait mais de celui de notre président Emmanuel Macron.
Autre point qui nous a interpellé, en décembre 2020, vous avez organisé une grande campagne de dépistage, afin de permettre aux Auvergnats et Rhônalpins de se réunir pendant les fêtes en minimisant autant que possible le risque de contamination à la covid-19.
C’était une énorme mobilisation et il est étonnant que cette initiative n’ait pas été renouvelée en décembre 2021 alors que cette fois-ci le pass sanitaire était de mise et empêchait donc un grand nombre de personnes d’accéder à des loisirs simples comme les marchés de Noël et autres festivités.
Autre remarque, cette fois sur votre volonté affichée de lutter contre les déserts médicaux. Ici, nous trouvons une fois encore beaucoup de mesures sur lesquelles nous pouvons nous accorder sans trop d’inquiétude, exception faite peut-être, de la téléconsultation dont vous entendez accompagner le développement, pour pallier au manque de personnels de santé sur les territoires les plus affectés par ce problème.
La télémédecine sous toutes ses formes : téléconsultation, télé-soins, télé-expertise, télésurveillance médicale doit permettre d’établir un lien entre le patient et le médecin, mais également entre les différents acteurs du parcours de soins. La télémédecine contribue à résoudre les problèmes posés par les déserts médicaux et limite les déplacements longs et coûteux.
Si la téléconsultation reste utile, elle ne pourra et ne devra trop largement remplacer la consultation en présentiel.
Mais ici, il convient de souligner une fois encore la responsabilité de ceux qui se sont succédé à la tête de notre pays pour nous conduire à pareille situation, parmi lesquelles l’on trouve encore une fois votre famille politique, Monsieur le Président.
Rappelons que c’est la concentration des activités économiques dans les grands centres urbains et la désindustrialisation qui nous y ont conduits.
Moins d’emplois hors des grands centres, c’était moins de population, moins de services publics, et en bout de chaine, moins de gens qui souhaitaient s’y installer, y compris les jeunes soignants venant de terminer leur formation, et que vous désirez aujourd’hui inciter à revoir leur position.
Loin de lutter contre ce problème dès son émergence par une politique volontariste d’organisation du territoire, VOTRE famille politique, a curieusement décidé d’accompagner ce processus néfaste d’asséchement de la ruralité, puisqu’elle a voté la loi de réforme des collectivités territoriales de 2010, qui a institué la Métropole, avant que les socialistes ne s’en mêlent à leur tour, avec la loi MAPTAM et la loi NOTRe
Ainsi Monsieur le Président, nous nous retrouvons aujourd’hui à devoir traiter dans l’urgence les symptômes au lieu de traiter le mal à la racine, en finançant avec de l’argent public l’inconséquence des élus de droite comme de gauche, dont les répercussions frappent au quotidien les habitants des petites et moyennes communes de la ruralité.
Toutefois, nous saluons votre action visant à sensibiliser les habitants de la région au cancer du sein des jeunes femmes, qui concerne environ 10% des cas de cancer du sein en France. Puisque comme vous le signalez très bien, les jeunes femmes ayant tendance à moins s’inquiéter lors de la survenue de symptômes, et ne bénéficiant pas du dépistage systématiquement proposé en France (qui s’adresse aux femmes de plus de 50 ans), la tardiveté du diagnostic qui en découle peut avoir de lourdes conséquences pourtant facilement évitables.
Nous saluons également la campagne de prévention et de sensibilisation à la vaccination contre les Papillomavirus que vous proposez ici, en direction tant des jeunes femmes et jeunes hommes que de leurs parents. C’est autant de cancer touchant tant les hommes que les femmes qui seront évités.
Toutefois, il est regrettable que vous ne trouviez pas d’intérêt à agir également contre l’endométriose, grande absente de ce plan régional de santé, alors que beaucoup d’élus d’autres familles politiques que la vôtre s’emparent de ce sujet. Cette maladie n’est pas incurable mais évolutive et elle gâche tout de même la vie d’une à 2 femmes sur 10 aujourd’hui.
Enfin je conclurai en vous félicitant Monsieur Wauquiez : La lecture de ce rapport nous permet d’apprendre que la crise sanitaire vous a permis de redécouvrir les bienfaits de la souveraineté, hier jugée poussiéreuse et dépassée lorsque les élus du Rassemblement National étaient les seuls à les défendre.
Si comme je le rappelle, nous voterons bien ce rapport, il est parfois utile de remettre les pendules à l’heure.
Amendement présenté par Marie Dauchy
Vaincre l’endométriose en Auvergne-Rhône-Alpes
Exposé des motifs :
Dans notre grande région, nous avons une carence importante concernant l’endométriose, maladie qui touche pourtant 1 à 2 femmes sur 10, puisque nous ne bénéficions que d’un seul centre à Lyon et aucun en Auvergne.
Les Auvergnates et certaines Rhônalpines sont donc obligées d’effectuer des déplacements importants et couteux pour traiter leur maladie alors que celle-ci est considérée comme invalidante par 70% d’entre elles.
Elles devront également attendre pendant des mois pour obtenir un rendez-vous qui aura été donné après l’acceptation de leur dossier. Cette situation n’est plus acceptable lorsqu’elle concerne autant de femmes qui souffrent quotidiennement de cette maladie impactant lourdement leur qualité de vie.
La prise en charge est insuffisante et alourdira d’avantage le retard de diagnostic qui est aujourd’hui déjà évalué à 7 ans en moyenne. Il convient donc d’effectuer la modification suivante :
AMENDEMENT
Modifier et compléter le chapitre II.2) a) comme suit :
« Densifier le maillage du territoire régional en maisons, centres, pôles santé et maisons médicales spécialisées dans l’endométriose en renforçant (…) »
Amendement présenté par Christel Dupré
Exposé des motifs :
La reconquête des déserts médicaux est un enjeu majeur au cœur de l’action régionale.
L’objectif de la Région étant :
- de ramener des médecins dans nos territoires ;
- d’avoir des soins de proximité au plus près des habitants.
Ce rapport fait état du nombre de médecins en activité régulière mais ne définit pas le besoin supplémentaire pour satisfaire le besoin formulé par la Région.
La formation des médecins est au minimum de 9 ans pour les généralistes, de 10 à 12 ans pour les spécialistes.
Pour répondre au mieux aux objectifs, quantifier le besoin est une nécessité.
Par conséquent, nous vous demandons que soit ajouté ce qui suit :
AMENDEMENT :
II.1) RAMENER DES MEDECINS DANS NOS TERRITOIRES
Ajouter :
(f) En concertation avec les ARS, quantifier le besoin en médecins par anticipation pour les années à venir de manière à reconquérir les déserts médicaux.