Explication de vote d’Agnès Marion – 9 juillet 2020
Rapport n° 4166
Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes du 9 juillet 2020 : Agnès Marion s’est prononcée sur le rapport réglant les compétences et actions de la Région en faveur de ses personnes âgées :
Monsieur le Président,
Nous ne pouvons que nous associer à une démarche soucieuse du sort de nos aînés. Vous nous trouverez donc à vos côtés sur ce rapport.
Cependant, nous voulons émettre quelques réserves, autant de points de vigilance sur lesquels nous porterons une attention particulière lors de la mise en œuvre de cette politique régionale. Réserve épidémiologique d’abord.
Est-il opportun de pousser les séniors à se rendre dans des lieux fréquentés alors que le Covid-19 est encore très présent, et que les autorités parlent de plus en plus d’une possible deuxième vague ?
Réserve méthodologique ensuite. Comment toucher largement le public âgé au-delà de celui qui fréquente le réseau associatif que vous allez solliciter ? Les personnes les plus isolées qui, par définition, sont celles qui auraient le plus besoin d’accéder à nos dispositifs, ne vont-elles pas précisément rester dans l’angle mort de notre politique en faveur des aînés ?
Un certain nombre d’initiatives inventives et solidaires, créées dans l’urgence pour faire face à la pandémie, auraient d’ailleurs mérité d’être soutenues et maintenues, particulièrement avec l’été et ces chaleurs qui arrivent, avec le spectre d’une reprise épidémique qui plane.
Réserve philosophique, enfin. Un pass’ pour inciter les séniors à consommer des produits culturels, des subventions pour financer des travaux favorisant le maintien à domicile, autant de dispositifs gagnant/gagnant, et c’est très bien.
Ils peuvent cependant présenter un écueil auquel nous devons être très vigilants. Nous garder de jauger la valeur des gens à leur apport ou à leur contribution économique. À ce titre, notre assemblée s’honorerait à mener une réflexion sur la place que notre société donne à nos aînés, particulièrement lorsqu’ils perdent leur autonomie, et perdant leur visibilité et leur utilité.
Le drame qui s’est joué dans les EHPAD où l’on a trié des vieillards, où l’on a verbalisé des familles venues échanger un regard avec leurs parents, où on a refusé des derniers instants décents à des mourants, ne doit pas nous laisser indifférents et ne doit pas être écarté de notre réflexion régionale.
En attendant mieux donc, nous voterons, Monsieur le Président, ce rapport.