Intervention de Charles Perrot – 17 octobre 2019
Rapport n° 3490
Le 17 octobre 2019, en Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, le président du groupe RN, Charles Perrot, a évoqué le pour et le contre des orientations budgétaires de l’Exécutif de Laurent Wauquiez (LR) :
Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président,
Nous voilà réunis pour ce débat d’orientations budgétaires, un exercice annuel traditionnel, mais baptisé cette année, pour la circonstance, d’un beau titre, un peu comme une accroche marketing pour mieux vendre un produit, une savonnette, des couches-culottes, que sais-je. L’accroche c’est « mieux gérer pour mieux investir, la règle d’or en Auvergne -Rhône-Alpes ».
L’an dernier à la même époque, l ’accroche marketing était « La Région la mieux gérée de France ». Décidément vous avez l’imagination fertile, Monsieur le Président. C’est une grande qualité. Il paraît que j’ai la même !
Monsieur le Président, je ne sais pas si je dois m’en vanter, mais c’est ainsi, je pense être l’un des plus anciens dans cette vénérable institution, notamment à côté du Président BLANC que je salue. Cela me permet, ayant une bonne mémoire des faits, de mettre en perspective l’intervention constante que fit notre groupe politique dans ces débats d’orientations budgétaires successifs, année après année, avec une rigueur de métronome et avec une opiniâtreté sans faille, mais toujours, je dis bien toujours, sous les quolibets et les lazzi de l’ensemble des conseillers régionaux de gauche comme soi-disant de droite. Comme si la voix du Rassemblement National ne pouvait proférer que des bêtises ou des incongruités. Je sais que d’aucuns continuent à le penser. Grand bien leur fasse !
Que vous importe, Monsieur le Président, car à me replonger dans nos interventions à cette tribune comme dans notre document de campagne régionale de 2004 et 2010 et bien sûr 2015, cela nous procure une très grande satisfaction. La satisfaction d’avoir eu raison tout simplement.
Je ne tournerai donc pas autour du pot, ces orientations budgétaires 2020 nous satisfont, car ainsi, je le signalais dès votre premier budget primitif 2016, vous avez réellement opéré un changement de paradigme politique en même temps que vous changiez de logiciel de gestion. Dès lors, comment pourrions-nous aller à l’encontre de ce que vous proposez aujourd’hui puisque c’est exactement ce que nous proposons depuis vingt ans ?
En 2004 comme en 2010, nous proposions par exemple, je me cite textuellement : « équiper tous les lycée s demandeurs de systèmes de protection de sécurisation des abords, de baisser la pression fiscale de 10 % et de réduire la dette d’un même montant, de baisser drastiquement les dépenses de fonctionnement en hausse constante pour faire de l’investissement notre priorité budgétaire régionale, d’affirmer la préférence régionale dans les cantines de nos lycées et pour tous les marchés publics de la Région », etc. Impossible ! Dérisoire ! Démagogique ! Irresponsable ! Stupide ! Idiot ! Telles furent les réponses constantes des exécutifs successifs à ces propositions de bon sens.
Qu’importe les injures, Monsieur le Président, ainsi que le disait COURTELINE : « Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet ». Finalement, c’est bien le Rassemblement National qui avait raison. Merci Monsieur le Président, de donner raison au Rassemblement National.
J’adhère donc sans réserve à l’énoncé de votre règle d’or. Le rapport que vous nous soumettez en ses pages 4 à 8 illustre de façon didactique le chemin vertueux parcouru depuis 2015 jusqu’en 2018. Sous l’impulsion du Vice-président BLANC, notre Région a rompu avec ses vieux démons et presque mis un terme au mécanisme bien huilé de la dépense automatique même si le travail de bénédictin n’est pas achevé. Il n’est jamais achevé !
Spectaculaire redressement des dépenses régionales qui se traduit par une hausse continue de l’autofinancement, retour à la vocation première de notre collectivité qui est ainsi redevenue une collectivité d’investissement, ce qu’elle avait fini par oublier depuis longtemps.
Un bémol cependant et une inquiétude. Lorsque nous étudions les courbes et les ratios financiers, ce qu’en termes anglo-saxons on appelle les trend (tendances), tous tendent à l’asymptote. Je m’explique : le tableau prospectif 2019-2021 (Cf. page 11 du document) montre parfaitement sur les années 2015 à 2018 les progrès réalisés. Vous d’ailleurs nous les avez encore montrés ce matin à cette tribune. À partir de 2019 jusqu’en 2021, les chiffres en revanche, semblent figés, linéaires, alignés sur un plateau. On dit flat. Je sais bien que les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel et que l’on ne peut pas continuer aussi facilement pour les trois années qui viennent le travail qui a été fait les trois années passées. Surtout, quand on succède à un exécutif socialiste, il est assez simple de faire des économies !
Prenons l’exemple du taux d’épargne brute, il passe de 17 % en 2015 à 24 % en 2019 – à confirmer – et se stabilise à 25 %, c’est l’objectif que vous écrivez, jusqu’en 2021. Prenons les dépenses d’investissement de 716 M€ en 2015 à 1 070 M€ en 2019 – chiffres à confirmer –, stabilisation jusqu’en 2021 autour de 1 080 M€. Les courbes tendent à l’asymptote. Prenons le ratio de désendettement passé de 6,6 années en 2015 à 3,6 années en 2019 – encore à confirmer –, stabilisation à 3,6 jusqu’en 2021. Ou encore le taux d’endettement passé de 109 % en 2015 à 84% en 2019 et qui remonte à 88 % en 2021, pourquoi ?
Faut-il y voir là l’épuisement du Vice -président BLANC qui, après avoir peigné et repeigné au peigne fin les dépenses de fonctionnement de notre Région, n’a plus beaucoup de marges de manœuvre ? C’est peut-être une explication. S’agit-il d’une volonté politique de ne pas aller plus loin au risque de déliter un peu plus votre majorité chancelante et ainsi de continuer sur des positions désormais acquises parce que conformes au plan de mandat originel annoncé en 2016.
Ce matin, Monsieur le Vice -président BLANC, vous nous avez rassurés en nous disant que le travail n’est pas fini, que nous allons continuer. Néanmoins, ce tableau prospectif semble bien affirmer le contraire. La règle d’or édictée, « les dépenses de fonctionnement ne pourront pas augmenter plus que les recettes de fonctionnement », conduit à cet état de fait de figer dans le marbre des ratios budgétaires. Vous nous l’avez dit, mais je le répète, c’est important, en matière budgétaire, le travail n’est jamais achevé. Croyez -moi, il ne faut jamais lever le pied, je parle d’expérience.
À considérer la dette consolidée, il y a par ailleurs un paradoxe évident lorsque vous écrivez « continuer de réduire l’endettement » et l’affichage des chiffres du tableau de prospective 2019 -2021. La dette est passée de 2 755 M€ en 2015 à 2 670 M€ en 2018 – baisse continue année après année, cela nous réjouit – mais elle repart à la hausse en 2019 avec 2,7 Md€ pour retrouver son presque niveau de 2015 à 2 740 M€ en 2021.
Monsieur le Président, il ne faut jamais laisser filer la dette. Vous l’avez rappelé ce matin. C’est là où le paradoxe est évident, les chiffres montrent que la dette recommence à augmenter alors que vous affirmez le contraire. En somme, Monsieur le Président, je termine. Il faut adjoindre à votre règle d’or ce corollaire : Ne jamais relâcher l’effort ». Voilà. Monsieur le Président, nos quelques observations.
Je souligne par ailleurs en conclusion, la qualité de présentation et la clarté des propositions. Je vous remercie.