Rapport n° 2976
Intervention de Christophe Boudot – 27 juin 2019
Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes du 27 juin 2019 : Christophe Boudot s’est prononcé sur la protection des cultures d’élevages et contre la présence du loup dans les territoires pastoraux :
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Présenter un plan supplémentaire pour dire « oui » au pastoralisme et à l’élevage en zone montagne, c’est bien, mais le plus important serait de traiter les causes nombreuses de ses difficultés et notamment des prédations qu’il subit.
L’annexe 2 de la Convention de Berne ainsi que la directive européenne « Habitat Faune et Flore » de mai 1992 impose aux états une conservation favorable de la population des loups. Canis lupus, ce roi des prédateurs que l’on avait eu tant de mal à éradiquer en France dans les années 1930 a été réobservé pour la première fois dans le Parc du Mercantour au mois de novembre 1992. Dès l’hiver suivant, une petite meute était déjà constituée. Depuis le monde du pastoralisme soufre et ne peut plus faire face à cette prédation massive qui remet en cause son existence même.
D’une population d’environ 220 individus en 2011, nous dénombrons aujourd’hui 530 loups en 2018, et encore selon les spécialistes de l’office national de la chasse, cette population est largement sous-évaluée, et on en serait plutôt à plus 650 individus. Attention Monsieur Verchère, on en a vu vers Amplepuis et au col des sauvages. C’est un fait, en 7 ans la population lupine aura plus que doublée. Pour info, en Espagne, c’est environ 2000 loups pour 1800 en Italie.
Il faut le dire clairement, le pastoralisme de montagne est totalement incompatible avec la présence des loups dans notre région.
Aujourd’hui, Monsieur le président, Mesdames, Messieurs, la situation est hors de contrôle et les éleveurs sont désespérés.
Un loup vit généralement en meute, même s’il m’est arrivé de voir un individu isolé dans le massif des Aravis à Manigod. Il se nourrit donc de gibier sauvage à proportion de 4 à 5 kg par jour pour un loup adulte d’environ 40 kg. Cependant, il peut, et c’est tout le problème, se nourrir facilement d’animaux d’élevages : ovins et caprins parfois des petites génisses…
Aujourd’hui le loup tue les brebis (plus de 20 000 bêtes en 5 ans) et il tue, et c’est encore plus grave, aussi les bergers. Les suicides, les dépressions et les burnout sont le lot quotidien des éleveurs qui n’en peuvent plus et qui, c’est très grave, perdent petit à petit le gout de leur métier, de leur passion de leur vie. « La société devient un enfer dès que l’on veut en faire un paradis », nous disait Gustave Thibon notre maitre à tous, Monsieur le président.
Il ne s’agit plus aujourd’hui d’accompagner le retour du loup en France, il ne s’agit plus aujourd’hui de renforcer les écosystèmes pastoraux tout en protégeant les loups comme le prévoient les crédits FEADER et votre plan de soutien, mais il s’agit bien pour protéger les exploitations, les bergers et leurs animaux, d’autoriser des prélèvements de grande ampleur et de mettre en place un processus d’éradication sur 10 ans.
La loi autorise les chasseurs à pratiquer au côté des bergers des tirs d’effarouchement ces tirs sont complétement inefficaces.
L’année dernière en 2018, sur les 51 loups autorisés à prélèvement, il s’en est tué seulement 40. Sur ces 40 individus, des analyses ont été systématiquement pratiquées pour connaître leur origine, nul n’en connaît à ce jour les résultats. Pourquoi veut on cacher délibérément le résultat des analyses. La réponse est assez simple.
Les bergers ne sont pas stupides, ils voient leurs bêtes dévorées par des loups de type hybride, c’est à dire des loups de souche italienne croisés avec des lupus gris d’origine slovènes. Si ces affirmations se trouvaient vérifiées par un laboratoire de contrôle de type FORTEN ou ANTEGEN, cela remettrait en question la protection aveugle et idéologique des loups. Si leur caractère hybride était démontré alors, le loup en France pourrait appartenir aux espèces nuisibles que l’on pourrait soumettre à battue et à plan de chasse et fortement réguler voire totalement éradiquer avec, pourquoi pas, la mise en place d’un empoisonnement massif des meutes.
Revenir sur la directive habitat de 1992 est pour notre pays une nécessité urgente. Cela ne dépend hélas pas de la Région mais de l’union européenne.
En conclusion, un plan régional pour soutenir le pastoralisme, c’est bien, on n’en fera jamais assez pour nos agriculteurs et pour le pastoralisme de montagne en général. La disparition programmée de la présence pastorale, c’est un paysage de montagne qui change, des avalanches plus nombreuses, un modèle économique qui disparaît. Éradiquer le loup est aujourd’hui une nécessité impérative. Il y va de la survie de nos exploitations de montagne et de la survie de nos savoir-faires enracinés qui sont, comme vous le savez, nos seules ressources naturelles.