Intervention de Pierre Delacroix – 29 septembre 2017
Rapport n° 774
Le 29 septembre 2017, en Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, Pierre Delacroix, également président de l’ONG “France Humanitaire”, est intervenu pour exposer ses propositions contre l’exclusion de nos compatriotes :
Monsieur le Président et chers collègues,
On ne peut que saluer la volonté de notre région d’avoir l’ambition de devenir la référence nationale concernant les grands enjeux de solidarité. C’est une cause noble et ambitieuse, sachant que le chantier des solidarités aux origines multifactorielles, est très vaste.
Sur le plan régional, nous apportons notre soutien au plan pour le handicap. Ce plan, très complet, va permettre à la région de montrer l’exemple en prenant en compte le handicap dans l’ensemble de ses politiques régionales.
Nous soutenons également les entreprises sociales et solidaires, dynamiques dans la création d’emploi, moteur essentiel de lutte contre la précarité. Comme vous pouvez tous l’imaginer, c’est un drame réel et immense d’avoir un enfant gravement malade.
J’ai présidé il y a quelques années la fondation médicale de la banque Rhône-Alpes et je suis fier d’avoir à l’époque initié et participé au projet de la maison des parents, “le petit monde”.
C’était un projet nouveau, et cela reste un bon choix de favoriser la mise en place de telles structures, tant elles sont un appui et un réconfort pour les parents subissant ces drames.
Dans le même esprit, nous soutenons la mise en place de maisons du répit, concept nouveau, déjà expérimenté avec succès dans d’autres pays. Plus de 8 millions de nos compatriotes contribuent à la prise en charge d’une personne dépendante ou handicapée. Ces maisons du répit, qui sont de véritables alternatives à l’hospitalisation classique, sont faites aussi pour soulager les familles, les aidants, pour qui la récupération physique et psychique est indispensable et légitime.
Lutter contre la pauvreté est loin d’être le sujet le plus facile, mais il est certainement le plus essentiel.
Permettez-moi de traiter cette partie en tant que médecin, acteur de l’action humanitaire, et président d’association.
Les crises, génératrices de précarité et de pauvreté ont toujours existé dans l’histoire de l’humanité
L’acte humanitaire, celui d’aider et de secourir les autres, est un phénomène qui remonte aux origines de l’humanité
Avec les crises économiques récentes, la montée du chômage en France, des situations de pauvreté et d’exclusions sont apparues.
Nous nous sommes réveillés un matin avec une épidémie d’exclusions au cœur des villes et des campagnes. Toutes les couches sociales sont touchées. De nombreuses personnes ont, malgré elles, malheureusement franchi le pas et sont passées de la précarité à la marginalisation, victimes de cette fameuse spirale de l’exclusion : perte de son emploi, perte de son logement et exclusion du système de santé.
Les associations caritatives et humanitaires ont été les premières à comprendre l’ampleur de ce phénomène, et les premières à agir auprès des populations les plus vulnérables.
Elles ont révélé aux pouvoirs publics et à nos concitoyens, l’existence d’un quart monde, montrant que dans notre pays vivent des millions de personnes en situation d’extrême précarité.
Ce sont les associations qui, sur le plan national, se conduiront comme de véritables aiguillons. Aujourd’hui on dirait lanceurs d’alerte, faisant évoluer la législation dans la prise en charge des plus défavorisés.
C’est l’intervention précoce dans les domaines de la santé, du logement, de l’emploi qui pourra stopper la spirale de l’exclusion et de la pauvreté tout particulièrement chez les jeunes de moins de 25 ans.
Quelle est la situation aujourd’hui de la pauvreté ?
Le constat est effrayant car malgré les nombreuses politiques gouvernementales et de nombreux dispositifs existants la pauvreté n’a cessé de progresser dans notre pays.
9 millions de nos concitoyens sont ainsi directement concernés et vivent sous le seuil de pauvreté, soit 14,2% de la population, soit une personne sur 7. Parmi eux ce sont 3 millions de jeunes enfants et d’adolescents qui sont touchés, soit 1 sur 5. Les plus touchés sont bien sur les personnes sans emplois, les familles monoparentales et les jeunes, la moitié des pauvres ont moins de 30 ans. 140 000 personnes vivent dans la rue et voient arriver avec angoisse les premiers froids de l’hiver.
N’oublions pas les retraités (en fait ils ne sont pas oubliés par le gouvernement) qui représentent plus de 7,5% des précaires et ceux que l’on appelle les travailleurs pauvres pour plus de 7%.
Les dépenses contraintes, à savoir le loyer, l’alimentation, les transports et la santé représentent 70% de leur budget et le soutien des associations dans ces domaines est déterminant.
Les conséquences de la pauvreté sur la santé sont très importantes : espérance de vie diminuée, importance des pathologies métaboliques et cardiaques, privation des soins couteux, dentaires ophtalmologiques et biologiques, dépressions sévères.
Changer notre regard est essentiel pour ces personnes qui souffrent d’isolement, qui ont besoin d’être écoutées et considérées et pour lesquelles il ne faut pas confondre solidarité et assistanat.
Vous l’avez compris nous soutenons cette politique de lutte contre la pauvreté car elle est l’affaire de tous. Il est essentiel que les institutions et les associations puissent coordonner efficacement leurs actions. Le soutien aux associations de terrain, de proximité avec la population, qui se substituent parfois à l’État doit être sans faille.
Aujourd’hui beaucoup d’entre elles qui subissent la crise du bénévolat, sont inquiètes face aux baisses des subventions annoncées.
La solidarité doit faire partie de notre responsabilité et je fais mienne cette citation de Dostoïevski : “Tous les hommes sont responsables les uns des autres, et moi plus que les autres”.
Amendement présenté par Béatrix Bolvin – 29 septembre 2017
Mise en place d’une coordination des associations locales
Rapport n° 774 : Région solidaire
Aucun maire n’est insensible à une situation personnelle périlleuse. S’il y a des personnes en détresse dans sa commune, il faut que le maire en soit informé afin de pouvoir mobiliser d’éventuelles moyens et/ou actions à destination des personnes dans le besoin mais aussi, si utile, de pallier à d’éventuels abus.
AMENDEMENT :
Ajouter :
Mettre en place une nécessaire coordination des associations locales et le transfert d’information avec les maires des communes concernés.
Amendement présenté par Céline Porquet – 29 septembre 2017
Apporter une précision sur l’éligibilité des associations
Rapport n° 774 : Région solidaire
Vu le contexte national et la nécessaire solidarité à apporter à nos compatriotes, il convient d’apporter le rajout suivant :
AMENDEMENT :
Ajouter :
– Les projets de création d’hébergement par les associations caritatives ne seront pas éligibles à l’aide de la Région sauf en cas de besoin local concernant la population recensée par et sur la commune.
Amendement présenté par Céline Porquet – 29 septembre 2017
Rassembler les associations pour concentrer les efforts financiers
Nous le savons tous, le bénévolat s’épuise et les moyens financiers de la Région ne sont pas illimités. Nous avons donc besoin de rassembler les bonnes volontés et d’inciter les associations à se coordonner, s’organiser et travailler ensemble.
Par exemple, il peut arriver que sur une même commune, plusieurs associations qui proposent et fournissent le même service, pourraient chacune prétendre respectivement aux mêmes financements. L’argent des contribuables rhônalpins et auvergnats doit donc être utilisé le plus efficacement possible.
AMENDEMENT :
Ajouter :
– Afin de bénéficier de l’aide de la Région, les associations d’initiatives locales devront porter une spécificité d’entraide qui ne soit pas déjà portée par d’autres associations opératrices sur la commune.