Schéma régional enseignement supérieur recherche innovation (avec deux amendements)

Intervention de Vincent Lecaillon – 9 février 2017

Rapport n° 5

En Assemblée plénière auvergnate et rhônalpine du 9 février 2017, Vincent Lecaillon s’est prononcé sur le “Schéma régional Enseignement supérieur recherche innovation” (SRESRI) :

Monsieur le Vice-Prèsident, chers collègues,

Le premier principe primordial à nos yeux, est la conservation du modèle républicain français. En effet, comme l’ont démontré les travaux de géographie sociale de Christophe GUILLUY, la mondialisation a généré, par les nouvelles hiérarchisations des territoires qu’elle engendre, des inégalités spatiales, sociales et culturelles importantes. Nous pensons qu’il est donc de notre devoir d’agir pour maintenir ces égalités de traitements républicains sur notre territoire de façon à ne pas renforcer, mais au contraire, d’atténuer les effets néfastes de cette mondialisation au sein de notre Région, c’est-à-dire qu’il va falloir allier compétitivité internationale, efficacité et excellence avec ce traitement républicain du territoire qui permet lui, de maintenir la proximité géographique sociale et culturelle de service de formation offert aux citoyens d’Auvergne – Rhône-Alpes.

Ainsi, pour nous, plusieurs priorités se dégagent. D’abord, mettre en symbiose le monde de l’entreprise, du travail et de l’université. Ensuite, valoriser et développer les filières technologiques et les diplômes à finalité professionnelle pour les amener au niveau des autres filières. Réfléchir à la façon dont la Région peut agir sur la revalorisation des sections Lettres et Sciences humaines dont les étudiants plutôt formés à penser le monde, sont complémentaires de ceux, scientifiques ou techniques, qui exécutent le monde. Comme l’a écrit Rabelais, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », prescrivant ainsi une éducation équilibrée. Également, agir en faveur de la préférence régionale ; que les aides versées soient consacrées aux étudiants de notre région et non aux étudiants étrangers, comme cela fut souvent le cas lors de la précédente mandature. Que les étudiants français aient un accès prioritaire aux logements.

Nous devons réfléchir également aux moyens de favoriser un décloisonnement entre les universités et les grandes écoles. En effet, les diplômés de ces dernières boudent souvent la recherche et se dirigent préférentiellement vers la finance, le commerce ou les secteurs concernant les domaines d’application de leur savoir-faire plutôt que vers la recherche et le développement. Cela n’encourage ni l’innovation ni le développement de brevet industriel.

Il faut rompre aussi avec les campus dortoirs, souvent placés à l’extérieur des villes et qui se retrouvent déconnectés de la vie culturelle, de l’identité locale ainsi que du tissu économique. En effet, l’université est née au XIIe siècle en France, elle a contribué à l’épanouissement du génie français. Notre Région doit donc participer à recréer une raison d’être commune estudiantine, en lien avec nos identité provinciales et françaises ainsi qu’avec l’intérêt collectif de la nation. Il faut donc, en fonction de nos moyens et capacités d’action, mettre les campus en relation avec nos villes, la société, l’économie sociale. Agir contre la fuite des cerveaux est également un sujet crucial, comme le note le Conseil d’analyse économique qui constate que le phénomène est en forte progression et qu’il touche les plus entreprenant et les plus actifs de nos étudiants. La Région se doit donc de favoriser les universités qui mettront en place une stratégie cohérente et efficace pour faire face à cet enjeu. Par exemple, encourager le retour en F rance de nos étudiants docteurs ou titulaires d’un mastère et favoriser l’accueil des hauts diplômés étrangers ne provenant pas, bien sûr, des pays en voie de développement, car ceux-ci ont besoin de leurs élites intellectuelles et techniciennes pour se développer. En effet, toute immigration choisie chère à Monsieur SARKOZY, un proche du Président WAUQUIEZ je pense, ne s’apparente ainsi ni plus ni moins à du néo-colonialisme générateur de flux migratoires toujours plus importants.

Également, nous sommes tout à fait favorables aux aides à la mobilité internationale. Il faut aussi baser les coopérations scientifiques sur le principe de réciprocité. En effet, les coopérations avec les universités et institutions étrangères ne doivent pas être à voie unique. Nous refusons les aides au développement, déguisées en coopération scientifique, qui sont en réalité des transferts de technologie à sens unique.

Puisqu’il semble, Monsieur le Président, qu’à travers ce Schéma, vous ayez répondu à certaines de nos préoccupations et que vous vous retrouviez sur nos positions en matière d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation, nous voterons ce rapport, sous réserve que nos amendements soient favorablement accueillis par votre majorité, faute de quoi nous nous abstiendrons.

Je vous remercie.
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Amendements présentés par Vincent Lecaillon – 9 février 2017

Rapport n° 005 : Schéma régional enseignement supérieur recherche innovation.

Exposé des motifs :

En référence au vote du 22 septembre 2016, portant sur le règlement des subventions régionales, Rapport 856,
considérant que ledit rapport précise : « … que toute dérogation à ce règlement, hormis les cas prévus par celui-ci, soit délibérée par le Conseil Régional en assemblée plénière », alors que le présent rapport qui nous est soumis aujourd’hui, prévoit, lui, chapitre I-3): «De donner délégation à la Commission permanente, pour déroger le cas échéant au règlement des subventions adopté…, y compris pour les cas non prévus par ce dernier», il convient d’amender le titre I-3) comme suit :

Amendement :

Supprimer le début du titre I-3) : « De donner délégation à la Commission permanente » et de remplacer ce passage par : « Que soit délibéré par le Conseil Régional en assemblée plénière ».

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Rapport n° 005 : Schéma régional enseignement supérieur recherche innovation.

Exposé des motifs :

Étant donné que le Schéma se fixe, comme un de ses objectifs, de faciliter la relation entre recherche académique et entreprises, et considérant que les Grandes Écoles placent systématiquement l’entreprise au cœur de leurs dispositifs pédagogiques, il nous semble donc intéressant que la Région puisse faciliter et accompagner les rapprochements entre pôles universitaires et Grandes Écoles.
Considérant en outre, que le Schéma affirme aussi encourager l’excellence universitaire, mais étant donné que les diplômés des Grandes Écoles négligent souvent la recherche, pour se diriger préférablement vers la finance, le commerce etc. plutôt que vers la recherche et le développement, ce qui n’encourage pas l’innovation et n’est pas favorable au développement de brevets industrielles, par exemple,
il convient d’ajouter au SRESRI sous le titre : « II- Le contexte national et Européen », page 5 du Schéma en annexe, les lignes suivantes :

AMENDEMENT :

Le Schéma doit encourager les trois grands pôles universitaires et les Grandes Écoles de la Région, à resserrer leurs liens et à favoriser le décloisonnement, de façon à ce que nos Grandes Écoles, en partenariat avec l’Université, remplissent correctement leur fonction de moteur de l’innovation et de pôle d’attraction pour les élites nationales et internationales.

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