Orientations budgétaires 2016

Intervention de Charles Perrot, Vice-président du groupe FN – 17 mars 2016

Rapport n° 16.08.222

En Assemblée plénière de la Région Auvergne/Rhône-Alpes, Charles Perrot s’est prononcé sur les orientations budgétaires 2016 du nouvel Exécutif :


Ch. Perrot (FN) sur les orientations… par FNRhoneAlpes

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président,

“O tempora, o mores”, “autre temps, autres mœurs”. Oui, autres temps, autres mœurs politiques car Monsieur le Vice-président, je vous ai écouté avec attention et même bienveillance jeudi dernier en Commission Finances et encore à l’instant. Avec bienveillance, je crois que c’est le mot juste car ces Orientations Budgétaires 2016 annoncent une indéniable césure, un point d’inflexion quasi mathématique. Depuis la création des collectivités régionales, et de la nôtre en particulier, un point d’inflexion quasi mathématique dans la course folle de la hausse perpétuelle de la dette, des impôts, des taxes, des dépenses de fonctionnement, du nombre de fonctionnaires territoriaux. Pourquoi ne pas parler aussi du nombre de voitures de fonction, du nombre d’associations créées ex nihilo pour y caser les copains des coquins, etc. ?

Depuis 1987, année de son premier budget de collectivité locale de plein exercice, c’est-à-dire premier budget voté par l’Assemblée plénière ici en Rhône-Alpes, 151 Conseillers régionaux, trente années d’une histoire en réalité coécrite simultanément ou alternativement par la gauche, la vraie, toujours accouplée à l’extrême gauche, archaïque, sectaire, revancharde, et dont il subsiste ici encore quelques oripeaux faméliques, et coécrite par la droite. Enfin, ce qu’on appelle par coutume ou par dérision, « la droite », mais de quelle droite s’agit-il ? Droite libérale, mais qu’a-t-elle libéré ? Droite conservatrice, mais qu’a-t-elle conservé ? Heureusement, toujours droite vertueusement républicaine et humaniste toujours l’allégeance à l’équerre et au compas. Ah les braves gens que voilà ! Bref !

J’avais coutume, dans la mandature précédente, m’adressant toujours respectueusement au Président QUEYRANNE, que je salue aujourd’hui, de moquer cette droite velléitaire. Je disais toujours « la droite qui est dans mon dos » parce qu’effectivement elle était dans mon dos dans la configuration antérieure de notre hémicycle. J’ai donc le loisir aujourd’hui, de m’adresser à vous, Monsieur le Président, et à travers vous à la droite qui est maintenant à mes pieds !

J’espère que vous ne serez pas l’incarnation d’une « droite paillasson ». Je l’espère vraiment car notre grande Région Auvergne Rhône-Alpes mérite une tout autre politique que celle que vous avez co-conduite et co-construite avec la gauche et dont les fruits vénéneux s’appellent par exemple, ERAI ou -rapport d’activité oblige- Villa Gillet. Il y en a tant d’autres que vous allez bientôt découvrir.

Si je cite ces deux associations, c’est qu’elles sont emblématiques. Elles sont exactement le fruit pourri de l’alliance droite gauche, de la continuité politique droite gauche, parce que droite ou gauche ici, cela a toujours été pareil. ERAI, Villa Gillet, pour faire simple, déversement et dévoiement au fil du temps, de l’argent public, gaspillage honteux, frais de déplacement abracadabrantesques comme disait l’autre, copinage et marivaudage, salaire scandaleux supérieur à 10 000, 12 000 euros par mois et plus encore, sans aucun contrôle, ni interne ni externe. Comment en est-on arrivé là ? Démission du politique ou compromission ? Incompétence des Conseillers régionaux administrateurs ou complaisance, ou complicité ?

Nous vous le disons clairement, Monsieur le Président, cette politique suivie pendant tant d’années est ignoble et vous y avez tous votre part. Certes, pas vous, Monsieur le Président, mais quand même, vos amis de la droite courbe ont cette responsabilité car durant ces deux mandatures écoulées sous la présidence de Monsieur QUEYRANNE, plus de 90 % de dépenses de fonctionnement ont été votées par vos amis Républicains, cette droite qui est à mes pieds.

Nous aurions aimé qu’au fil de ces Orientations Budgétaires vous annonciez plus clairement, d’un ton martial, ce que vous allez faire. Il suffisait de nous dire : la Villa Gillet, terminé ! Les Subsistances, terminé ! Ou plus simplement : toute association qui ne respecte pas les règles et obligations du Code général des collectivités territoriales, terminé ! Je vous rappelle l’article L.1611-4 du Code général des collectivités territoriales : « Tous groupements, associations, œuvres ou entreprises privées qui ont reçu dans l’année en cours une ou plusieurs subventions, sont tenus de fournir à l’autorité qui a mandaté la subvention, une copie certifiée conforme de leurs budgets et de leurs comptes d’exercice écoulé, ainsi que tous documents faisant connaître les résultats de leur activité », ou la circulaire n°3300 SG du 15 janvier 1988 qui dit que le suivi de l’emploi des fonds dont bénéficie un organisme subventionné incombe au premier chef, à l’ordonnateur principal ou secondaire qui a accordé la subvention (maire, président de Région, président de Département). Villa Gillet, ERAI, des missions de l’ordonnateur principal évidemment, mais selon une jurisprudence socialiste déjà ancienne, « responsable mais pas coupable ».

Lorsque j’écoutais le Vice-président BLANC, je n’ai pu m’empêcher de douter de sa sincérité. Je doute toujours, Monsieur le Vice-président, de votre sincérité, car enfin et sans faire d’archéologie politique –ce qui serait cruel pour tous- et par respect pour nos cheveux blancs, vous n’êtes quand même pas un « perdreau de l’année ». Vous êtes de fait un revenant chez nous, dans cette institution. Êtes-vous donc le même homme, Monsieur BLANC, que celui qui fit voter en une nuit, la hausse de l’impôt régional de plus de 60 % sous la présidence de Charles MILLON ?

Autre temps, autres mœurs ! Je veux bien que vous soyez revenu plein d’usage et raison, vivre entre nous le reste de votre âge politique, et que blanchi sous le harnais pour épauler le fringant WAUQUIEZ, vous ayez vraiment décidé de tourner casaque, comme en d’autres temps le sémillant Edgar FAURE tournait allégrement sa veste, arguant que ce n’est pas la girouette qui tourne mais le vent. Est-ce donc le vent qui a tourné, Monsieur le Vice-président ? Ces Orientations Budgétaires ont pour nous, Conseillers régionaux du Front National, le parfum d’une brise de printemps rafraîchissante après des années de vents mauvais chargés de miasmes morbides. Ce sont pour nous, les prémices annonciateurs d’un changement de paradigme politique ; nous voulons y croire parce que c’est bon parfois d’être naïf.

Je veux enfoncer le clou. En est-il définitivement fini des pestilences et des remues de gauchistes au sein de notre Région ? En est-il définitivement fini de l’absence de courage politique de vos amis Républicains ? Avez-vous résolument décidé de ne plus courber l’échine devant le magistère moral autoproclamé et mortifère de la gauche et plutôt que de courber l’échine, de la renvoyer dans ses cordes ? Nous attendons avec gourmandise et un soupçon d’espérance, la suite de votre programme avec la matérialisation chiffrée de ces Orientations Budgétaires, dans le prochain Budget Primitif. Monsieur le Président, c’est au pied du mur que nous jugerons le maçon.

Merci.

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