Rapport urgent : aide exceptionnelle à l’entreprise Aubert & Duval

Intervention d’Alain Breuil – 28 janvier 2016

Rapport n° 16.00.015

Alain Breuil s’est interrogé sur l’aide financière apportée par l’Exécutif de droite à l’entreprise Aubert & Duval (Auvergne) :


A. Breuil (FN) sur les aides à Aubert & Duval par FNRhoneAlpes

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Nous nous désolons de ce rapport qui nous est communiqué dans une urgence qui n’a peut-être pas tout à fait lieu d’être.

Monsieur le Président, vous avez rappelé à la réalité économique notre collègue Charles PERROT, P.-D.G. d’une entreprise de 200 salariés. Quant à vous, vous ne connaissez le monde de l’entreprise, le monde économique qu’à travers les visites qui sont organisées à votre intention par vos conseillers et collaborateurs. La réalité des décideurs économiques, Monsieur le Président, est tout de même un peu différente de votre perception qui est celle d’un professionnel de la politique. Pour ma part, je pense qu’il ne vous faut pas confondre vitesse et précipitation.

Concernant le rapport qui nous est soumis, il s’agit d’un document pour le moins prématuré. En effet, dans les projets aéronautiques – et vous le savez – la sécurité des fournisseurs et des technologies est primordiale, surtout quand il s’agit d’équipements de
sécurité comme les pièces de moteur d’avion ou les pièces de train d’atterrissage. On ne change pas de fournisseur ou de technologie sur un coup de tête. Les fournisseurs sont très longuement audités, homologués, avant d’être approuvés et certifiés.

Par ailleurs, le rapport précise que cette aide permettrait de générer 15 emplois sur le marché du Rafale. Le site des Ancizes, ce sont 1 500 emplois qui ne sont, à l’heure actuelle, absolument pas menacés au sein d’un groupe français de dimension mondiale de plus de 15 000 emplois, groupe qui a racheté en son temps les fameux aciers suédois.
1,20 M€ pour 15 emplois, cela fait tout de même 80 000 € par emploi. Le ticket nous semble quelque peu cher.

Par ailleurs, le montant de l’investissement est de 15 M€ immobilier compris, dites-vous, ce qui lui enlève peut-être tout caractère d’extrême urgence, sauf à considérer que l’immobilier est déjà réalisé. D’après votre rapport, ce n’est pas le cas puisque l’entreprise : « envisage d’installer cette unité sur son site de référence des Ancizes ».

Nous ne nions pas l’impact et l’intérêt de ces technologies qui intéressent des entreprises comme MICHELIN et d’autres.

Cependant, ce n’est pas la première fois que nous travaillons avec la technologie des poudres. Cela existait déjà au siècle précédent, Monsieur le Président. Croyez-le bien. Certes, cela a beaucoup évolué, mais la technologie des poudres existait bien avant, dès les années 1970. Il y a aussi, malheureusement, bien des entreprises qui sont en difficulté dans notre région Auvergne Rhône-Alpes et qui, contrairement à AUBERT & DUVAL, n’ont pas les moyens de distribuer des dividendes aux actionnaires. Il nous semble donc bien plus judicieux d’apporter une aide à ces entreprises, PME et PMI, qui constituent aussi des éléments du tissu économique.

Je vous en cite quelques-unes en Isère : ISOCHEM (28 emplois), SOPRANO (150 emplois), ST MICROELECTRONICS est plus importante je le concède. Il y a LAFARGE en Ardèche, FOSSILIS dans l’Allier. Je ne parle pas du secteur agricole ou des TPE et PME de Rhône-Alpes.

En effet, nous venons de recevoir un rapport de la Chambre régionale du commerce et de l’industrie qui signifiait que 37 % des TPE et PME de Rhône-Alpes Auvergne étaient aujourd’hui en grave difficulté de trésorerie.

Monsieur le Président, j’ai envie de vous poser la question suivante : quel est votre degré d’urgence ? Sauver les entreprises qui sont en train de crever la bouche ouverte ou développer un projet qu’AUBERT & DUVAL, à ma connaissance, est en mesure de développer pour le moment tout seul ? Il y a certes le temps des entreprises et le temps des politiques. Pendant votre campagne, vous avez promis d’utiliser à bon escient l’argent des contribuables. En l’occurrence, il
s’agit bien d’argent public.

Sachez-le bien, et ce sera mon dernier mot, Monsieur le Président, mes chers collègues, nous ne sommes pas contre ce dossier par principe, pas plus que nous sommes contre l’entreprise AUBERT & DUVAL, pas plus que nous sommes contre ces développements de technologie. D’ailleurs, nous voyons avec satisfaction votre sensibilité à la préférence nationale, comme vient de le rappeler votre vice-président. Monsieur le Président, nous vous demandons simplement un petit report, un petit délai pour nous permettre d’étudier ce rapport avec tous ces tenants et aboutissants.

Je vous en remercie.

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