Intervention de Christophe Boudot – 29 juin 2015
Lors d’une réunion conjointe par vidéoconférence des Conseils régionaux d’Auvergne et de Rhône-Alpes, Christophe Boudot a critiqué la fusion des deux régions, prévue le 1er janvier 2016 :
Monsieur le Président, Messieurs les Présidents, mes chers collègues, Mesdames et Messieurs de Rhône-Alpes et d’Auvergne, que je salue.
Vous avez souhaité consacrer toute cette après-midi à une réunion conjointe des deux Assemblées régionales appelées à fusionner dans quelques mois. Avant de vous exposer la position du Front national, de mon groupe, permettez-moi, Messieurs les Présidents, de faire une première remarque de pure forme. Vous avez accordé un temps de parole aux groupes politiques présents dans les assemblées, force est de constater qu’en l’absence de groupe en Auvergne, le Front national, pourtant premier parti électoral de France, se voit amputé d’une tribune importante. Quand on rappelle les scores de l’extrême gauche, par exemple, qui sont mêmes vice-présidents à la Région et qui n’ont même pas été capables de passer les 10 %, je crois que l’on pourrait se taire, Madame LEBAIL-COQUET, s’il vous plaît !
Je m’exprimerai donc au nom de mon groupe, ici à Lyon, siège de la Région Rhône-Alpes, sans toutefois oublier l’ensemble de nos compatriotes auvergnats, à qui je promets, au soir du 13 décembre prochain, d’être représentés de la plus belle des manières, c’est-à-dire par un exécutif Front national élu à la tête de la nouvelle Région.
Deuxième remarque : la fusion, résultat de cette réforme territoriale douteuse, que vous nous présentez aujourd’hui, a été inspirée par Bruxelles. Le parti socialiste l’a mise en œuvre et en a bricolé les contours pour plaire à l’un ou l’autre de ses barons. Cette réforme est bien entendu soutenue par l’UMP, pardon, Les Républicains, formant aujourd’hui avec vous, Monsieur le Président, la grande famille de LRPS fédéral. D’ailleurs, pour ceux qui n’auraient pas encore tout à fait saisi, le groupe de l’exécutif en Auvergne se nomme Socialiste et Républicain, tout est dit, ne changez rien. Surtout ne changez rien !
J’utiliserai les quelques minutes que vous nous avez accordées généreusement en me mettant à la place de nos compatriotes. Vous savez, à la place de ces oubliés de la République, de cette grande Région, que vous avez contraints peu à peu à vivre dans une société communautarisée, islamisée, insécuritaire, une société où le chômage de masse et l’impôt augmentent sans cesse. Nos compatriotes aujourd’hui sont très loin de saisir l’utilité de votre réforme et de cette fusion. D’ailleurs, connaissent-ils les conseillers régionaux, connaissent-ils les compétences du Conseil régional ?
Cette fusion des deux Régions Auvergne et Rhône-Alpes ne les renseigne pas plus. Pire, il est ahurissant que ce bouleversement majeur de l’équilibre territorial et administratif ne soit validé par aucune forme directe de demande d’avis. Pourtant, si nous étions véritablement en démocratie, il eût été normal que l’on demandât l’avis de nos compatriotes par voie référendaire. Mais on sait qu’en France, depuis le référendum sur la Constitution européenne, l’avis du peuple est très peu respecté.
Oui, cette fusion entre deux Régions en tous points dissemblables, géographiquement, culturellement et économiquement, est une erreur qui s’inscrit directement dans le schéma européen de l’hyper-régionalisation. Cette réforme vise purement et simplement à démanteler l’État Nation pour qu’in fine ne subsistent sur les territoires européens que des Régions administratives, des Lander, sans plus aucune identité, sans plus aucun attachement culturel enraciné, laissant toute liberté à cette société de la consommation,
même du nihilisme, que vous nous imposez peu à peu.
Vous partagez avec vos collègues derrière nous, ceux qui ont voté 92 % de votre budget en 2014, la même idéologie fédéraliste. Cette séquence de la fusion est une des étapes nécessaires et impératives à cette Europe fédérale de la folie et de la destruction des peuples. Ces fusions de Régions sont un crime contre les peuples et contre l’équilibre séculaire de la Nation. Je suis
à l’image de nos compatriotes, je suis un homme très simple, je me suis plusieurs fois posé la question : mais pourquoi veulent-ils tellement fusionner cette Région avec l’Auvergne ? Pour permettre plus d’efficacité des politiques publiques ? Pour faire des économies afin de baisser les impôts et les prélèvements ? Pour clarifier le rôle des collectivités et empêcher les doublons ? Mais non, malheureusement, on sait déjà qu’il n’en sera rien, et que ceux qui avaient cru aux sirènes de M. VALLINI et ses milliards d’économies, et à vos promesses aussi, Monsieur le
Président, en seront pour leurs frais une fois de plus.
À deux pas d’ici, deux collectivités différentes ont également fusionné il y a quelques mois. Je veux parler de la Métropole de Lyon, fusion entre le Conseil général et le Grand Lyon. Là aussi, on nous avait promis des économies et des avantages futurs. Cette Métropole, dotée d’un budget équivalent au nôtre, 3 milliards d’euros, un peu plus, a conduit pourtant très vite à la suppression de l’espace de discussions et de cohésion entre les 58 communes. Ce monstre politique a affaibli la dimension sociale et d’entraide de nos collectivités.
À la lecture du document de synthèse que vous nous avez remis, Monsieur le Président, il apparaît que sur les 103 domaines d’intervention identifiés, plus de la moitié est hors compétences et du domaine de la clause de compétence générale.
Un mot sur la suppression de cette clause de compétence générale, qui fera l’objet dans la loi NOTRe d’un tour de passe-passe. On va l’appeler autrement, mais le principe de l’ingérence régionale dans tous les domaines va perdurer, bien évidemment. Avec cette réforme de la clause de compétence générale, on se paye de mots, c’est même vous qui l’avez dit, et nous sommes tout à fait d’accord avec vous.
Il apparaît également que l’harmonisation des politiques publiques entre nos deux Régions pourrait être beau coup plus difficile que prévue, tant les spécificités de chaque Région sont nombreuses et complexes, et le passage à l’uniformité régionale fera mal à nos amis Auvergnats et aussi à nos politiques de transports ou de lycées régionales.
Avec cette fusion, vous consacrez aujourd’hui l’éloignement et l’effacement de nos compatriotes, de ces oubliés de la République, trahis par votre politique d’hyper-métropolisation, qui aboutit à l’augmentation de la désertification rurale.
Cette région de près de 8 millions d’habitants et de 70 000 km² aura l’importance de certains États comme la Bulgarie, l’Irlande ou la Lituanie. Mettez-vous à la place d’un compatriote Auvergnat très sceptique sur l’utilité et l’efficacité d’un tel rapprochement. Il est très inquiet. Comment l’être à moins ? Il a assisté depuis 10 ans au gaspillage de l’argent public, il a assisté depuis 10 ans à l’explosion de l’endettement des deux Régions, à l’augmentation des taxes, à la baisse de l’apprentissage, au démantèlement des services publics en milieu rural. Cette fusion, il sent bien qu’elle va le déposséder un peu plus. 77 % des Auvergnats craignent de voir la disparition de leur région Auvergne. Cette réforme est anxiogène, Monsieur le Président, inutile, idéologique, et créera l’éloignement et la complexité. Cette réforme nous rappelle celle des rythmes scolaires. Il fallait la faire, personne ne savait pourquoi, mais il fallait la faire, avec aujourd’hui un résultat médiocre, qui ne résout rien et aggrave tout.
En conclusion, Monsieur le Président, je n’aurai qu’une demande, c’est que cette grande Région que vous vous imposez, que vous imposez à nos compatriotes, soit à leur écoute et resserre les
liens des territoires entre eux, pour casser cette logique de l’intégration européenne et pour attendre la grande réforme territoriale de Marine LE PEN, prévue pour fin 2017, qui elle laissera toute sa place à la coopération active entre les départements et à la valorisation des provinces enracinées.
Je vous remercie.
Ch. Boudot (FN) contre la fusion Auvergne/Rhône… par FNRhoneAlpes