Intervention de Blanche Chaussat – 17 avril 2014
Rapport n° 14.03.209
Monsieur le président,Chers collègues,
Depuis 2004, les Régions ont pour compétence l’organisation et le financement des formations sociales, paramédicales et de sages-femmes.
Le budget 2014 est de 104 M€ dont 84 M€ pour le financement des établissements et 20M€ pour les aides individuelles. Ces investissements sont une priorité. En effet, le vieillissement de la population, l’accélération de la crise, le déficit de la Sécurité Sociale poussent à trouver des solutions performantes et rapides pour prendre en charge au mieux les publics fragilisés par la maladie, la vieillesse, la dépendance.
Votre rapport propose 16 fiches enjeux destinées à mieux structurer l’offre de formation et à mieux répondre aux défis médicaux et sociaux.
Je suis étonnée du sujet de certaines « fiches enjeux ». La fiche n° 5 par exemple, a pour objectif de développer la mixité homme- femme dans ces métiers. Combien va coûter la mise en oeuvre de ce projet ? Quand sera atteint cet objectif ? Lorsqu’il y aura autant d’infirmiers que d’infirmières ? Lorsque le taux de sages-femmes sera équivalent au taux de maïeuticiens ? Allez-vous développer votre démarche dans tous les domaines ? Quelle échéance fixez vous pour que les hommes et les femmes soient également représentés dans les équipes de football ou de rugby ?
Laissez les gens choisir leur métier en fonction de leurs affinités et talents et non au nom d’un dogme que vous tentez de nous imposer. Mais si vous tenez tant à la parité, commencer par la respecter dans le mariage.
La Région a pour compétence l’attribution de bourses. Mais ne serait-il pas temps d’instaurer une contrepartie de la part des élèves boursiers ? Travailler en France, le temps équivalent de la durée de la bourse éviterait une fuite des compétences vers la Suisse voisine par exemple. Ce système se fait avec les élèves du service de santé des armées.
D’autres fiches enjeux sont hors compétences. La Région n’a pas d’autorité sur les contenus pédagogiques. Mais pourquoi dans la fiche enjeu n°13, vous souhaitez «développer des espaces et des temps de partage régionaux et inter filières sur la pédagogie » ? Ne serait-il pas plus utile de veiller aux bonnes pratiques éthiques des professions paramédicales et sociales ? En temps que « financeur » des instituts de formation vous avez le droit et le devoir de mettre en avant le rôle premier de ces professions : être au service de la vie. Qu’ils soient de Gauche ou de Droit, les projets de lois et les lois sur la fin de vie, l’avortement, la contraception pour tous sont une offense à l’écologie, l’écologie humaine.
Le professeur Jérôme Lejeune, médecin et professeur de génétique découvreur de l’anomalie chromosomique à l’origine de la trisomie 21, disait : « La médecine, c’est la haine de la maladie et l’amour du malade ». Faites de cette phrase la devise des futurs soignants et aidants cela nous semble plus pertinent que votre verbiage sur la mixité, la mise en place de supports divers et variés qui sont bien loin de la réalité d’exercice des futurs professionnels.
Régulièrement l’opinion publique s’émeut de la mort de chevaux, délaissés par leur propriétaire au fond d’un champ. Mais quand il s’agit de laisser mourir de faim et de soif des personnes handicapées ou malades, personne ne s’insurge. N’est-il pas temps de former nos soignants aux vrais soins palliatifs, à l’accompagnement des familles dans la gestion de leur quotidien auprès de leur proche malade ? Cela doit être une priorité pour les autorités publiques.
Certaines fiches enjeux de votre rapport ont un intérêt certain. Structurer l’offre de formation et l’accès aux différents établissements est une bonne chose mais il faut aller plus loin, et assurer l’après formation. Le chômage est faible dans les professions sanitaires et sociales mais il existe. Comment justifiez vous les centaines de milliers d’euros envoyés aux quatre coins du monde pour mettre en place, financer et entretenir des centres de soins infirmiers et médicaux alors qu’à deux pas d’ici, des centres de soins infirmiers ferment, faute de financement. Le centre de soins infirmiers où je travaillais a fermé, il y a maintenant 3 ans, pour un déficit de 8000€. Résultat : 7 infirmières licenciées, et plus de 80 patients sans prise en charge du jour au lendemain. Mais aucun fond d’urgence n’a été accordé, et le centre a du fermer.
Vous comprendrez que nos priorités ne sont pas les même sur le sujet des formations sanitaires et sociales. Nous n’approuvons pas l’ensemble de vos enjeux et préférons nous abstenir. Oui il faut développer ces formations et leur accessibilité. Arrêtez de vous éparpiller, au mieux vous êtes inutiles dans certaines de vos propositions, au pire vous êtes nuisibles, puisque votre hiérarchisation des priorités se fait aux dépens des vrais sujets d’avenir : mettre le soignant au service des plus faibles.
Formations sanitaires et sociales : Blanche… par FNRhoneAlpes