Intervention de Nicole de Lacheisserie – 18 décembre 2013
Rapport n° 13.13.745
Monsieur le Président, chers collègues,
Montagne 2040 : après 18 mois de gestation, voilà la naissance d’un beau bébé joufflu aux yeux bien verts.
Nous reconnaissons tout le sérieux de ce rapport, la participation très active de 300 jeunes mobilisés autour d’un processus de démocratie participative.
Cette jeunesse que vous avez bradée pendant des décennies, aujourd’hui, vous lui donnez l’impression de participer à la vie politique. Est-ce dans un but électoraliste ?
Tiens donc !!! 300 jeunes ; ne serait-ce pas ces jeunes à qui le contribuable a offert une semaine de vacances à la montagne ?
Partir des utopies pour aboutir à des propositions réalistes : le parcours sera long, très long.
Au mois de mai, Monsieur Claveranne, Président de la section prospective du CESER, nous présentait en commission les tendances pour la montagne à l’horizon 2040 sous forme de 4 scénarios :
– Au fil de l’eau
– Atout Montagne
– La sanctuarisation
– La montagne parc d’attraction
Ces scénarios, décrits avec humour, incitent à la réflexion et ferment les yeux à l’utopie. Cependant, ils ne correspondent en aucun cas aux attentes des populations concernées.
Prévoir l’espace montagnard dans 30 ans : quel exploit ? C’était sans compter sur la boule de cristal de « Madame Irma ».
Il est vrai que « gouverner, c’est prévoir »; mais qui aurait pensé que depuis les années 70, le code de l’urbanisme serait aussi complexe.
Il existe un empilement de réglementations : le schéma de cohérence territoriale (SCOT), les plans d’occupations des sols (POS), les plans locaux d’urbanisme (PLU), la directive territoriale d’aménagement (DTA), la directive territoriale d’aménagement et de développement durable (DTADD), le projet d’aménagement et de développement durable (PADD), les unités touristiques nouvelles (UTN), le schéma régional de cohérence écologique (SCRE), les chartes de PNR et j’en ai certainement oublié.
Tant que les territoires de montagne seront soumis à des normes particulières, cela constituera un frein, notamment en matière d’urbanisme et de développement économique.
Trop de réglementations tuent l’économie.
Aujourd’hui, les territoires de montagne comme le monde rural n’en sont pas moins soumis aux mêmes maux que l’ensemble de la Nation.
L’hyper-fiscalité étrangle et pèse toujours plus sur nos entreprises, empêchant toute reprise, toute compétitivité et tout investissement.
Trop d’impôts tuent l’impôt.
Au retrait des services publics s’ajoute la fermeture des usines et des entreprises impactant directement la vie économique de nombreuses petites villes et villages dont les commerces de proximité ferment les uns après les autres, parfois non point faute de clients mais simplement de repreneurs.
C’est l’ensemble du tissu économique de nos territoires de montagne qui est ainsi mis à rude épreuve.
Pour que vive l’agriculture, il est important de rétablir une politique agricole nationale, mieux dotée que la PAC et dont les subventions seront plus efficacement réparties.
Monsieur le Président, chers collègues vous l’aurez compris, ne voyant pas les mêmes choses dans votre boule de cristal et ne souhaitant pas que la montagne accouche d’une souris verte, nous voterons contre ce rapport.