Tribune libre parue dans Rhône-Alpes 30 / automne 2013, p. 21
Depuis près de cinquante ans, l’Éducation Nationale considère la formation aux métiers comme un enseignement de seconde zone réservé aux enfants dits en « échec scolaire ». Et les familles tombent dans le leurre du bac facile et des études supérieures pour tous. L’expérience montre pourtant que l’on accède plus facilement à un métier par l’apprentissage, alors que les diplômés gonflent les chiffres de Pôle Emploi.
Pire, nos gouvernants successifs ont pesé à la baisse sur les salaires des travailleurs en faisant appel à une forte immigration de travail d’abord, puis en favorisant l’euro-mondialisation qui a poussé nos entreprises soit vers la faillite, soit vers les délocalisations.
Après l’abandon par les familles de leur mission éducative, après l’échec de l’Éducation Nationale, il s’agit dorénavant de gérer les effets collatéraux de l’immigration par l’apprentissage, donnant de facto à ce dernier une image négative d’échec programmé.
Il devient urgent de revaloriser la formation aux métiers et ce, dès l’entrée dans le second cycle : apprendre un métier dès l’âge de 14 ans, c’est l’assurance d’avoir un bon emploi avant l’âge de 20 ans.
Prendre un apprenti en formation a un coût pour l’entreprise. Puisqu’il s’agit de la formation aux métiers, rendons l’initiative et la liberté aux entreprises pour gérer la transmission de leurs savoir-faire.
Que le maître de stage soit rémunéré par la collectivité comme l’est l’enseignant par l’Éducation Nationale, que l’entreprise soit aidée également par la collectivité comme cette dernière participe au fonctionnement et à l’investissement de l’Éducation Nationale, et vous verrez que les TPE et les PMI-PME prendront des stagiaires en masse.
Cela aurait en outre l’avantage de sauver l’emploi des seniors, ainsi valorisés par cette belle mission qu’est de transmettre leur savoir-faire, fruit d’une vie de travail.