Intervention de Maurice Faurobert – 12 juillet 2012
Rapport n° 12.07.429
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Les parcs de la Vanoise et des Écrins ont atteint un âge très respectable, presque un demi-siècle pour le premier et 40 ans pour les Écrins, mais celui-ci était déjà dans les esprits en 1913 dans le parc national de la Bérarde.
Ces parcs naturels nationaux sont sortis des cartons d’administratifs parisiens du temps où l’État était conscient d’un bien commun à toute la France hérité de nos aïeux. Il s’agissait de conserver, préserver, découvrir et aimer la création de haute montagne déployant son fabuleux miroir des temps géologiques et qui ne se laissait pas approcher par n’importe qui.
D’authentiques artistes et de sages vieux montagnards chevronnés se sont alors montrés à la fois forts, audacieux, mais aussi capables de traiter avec la hauteur, justement nécessaire, et sagesse les innovations et les idéologies. En un mot comme en cent, ils traitaient la montagne comme elle le méritait.
Mais il est loin l’émerveillement devant les marmottes dessinées par Samivel sur l’affiche promotionnelle des parcs, il est loin le temps où ils invitaient à découvrir, accueillir et respecter – dans un religieux amour – la pureté des sommets, la faune paisible, la si glorieuse gentiane des chasseurs, et le réconfortant génépi. On a changé de monde ! Avec la loi d’avril 2006, tous les parcs feront l’objet d’une charte qui sera régulièrement renouvelable. Une procédure longue, lourde, qui aura du mal à s’imposer : validation de la charte, consultation des partenaires, enquêtes publiques, décision du Conseil d’État, adhésion des communes…si bien que quand on aura fini, il sera temps de recommencer.
Comme dans toutes les démarches de l’exécutif, le vocabulaire socialiste est là. On parle de gouvernance, de pratiques durables, de transparence, de transversalité, de solidarité des territoires, ce qui sonne comme une marche conquérante. Le tout dans un esprit citoyen, évidemment pour une avancée citoyenne ! Avec tout ce charabia, on oublie la première réalité, c’est qu’à 3 000 ou 4 000 mètres d’altitude, on n’est plus dans le contexte des parcs régionaux, mais dans le monde de la haute montagne.
Les parcs des Écrins et de la Vanoise sont des parcs nationaux avec des impératifs généraux. Il faut mettre chacun à son niveau. On parle beaucoup de gestion des réserves en eau, c’est un des objectifs de ces parcs. Ils doivent aussi assurer la concertation internationale, vous savez que le parc de la Vanoise est très proche de celui du Grand Paradis italien. Ces parcs doivent aussi faire face, cela n’est pas la moindre des choses, à des enjeux mercantiles, mondialistes et ravageurs.
Ne grossissons donc pas l’importance de Rhône-Alpes dans cette gestion sous prétexte de cohérence avec notre aménagement du territoire et nos contrats concernant les parcs régionaux. Cela dit en passant, il y a déjà six parcs naturels régionaux en Rhône-Alpes représentant 15 % du territoire. Un septième est en projet et il est très contesté. Arrêtons donc cette boulimie !
Il nous faut certes conserver toute notre sympathie active pour les parcs dits nationaux (de responsabilité d’État), mais rien ne nous oblige à nous engager financièrement, sachant d’expérience que plus la Région s’engage et plus l’État se désengage. Notre avis est donc que ces deux parcs relèvent de l’autorité et des moyens de l’État et qu’il faut respecter les principes de subsidiarité qui donnent à chacun son niveau d’intervention.
Je vous remercie de votre attention.