Interventions de Charles Perrot et de Bruno Gollnisch – 16 mai 2012
Rapport n° 12.12.315
Charles Perrot : Madame la Présidente. Je partagerai mon temps de parole avec Bruno GOLLNISCH qui interviendra en seconde partie sur le bilan 2011 concernant la participation de Rhône-Alpes aux objectifs du millénaire. Monsieur le Vice-président, année après année au mois de mai nous avons donc droit à cette étape obligée, réglementaire, très convenue de la présentation du compte administratif, cette photographie à l’instant T au 31 décembre de l’exécution des recettes et des dépenses de l’année écoulée. C’est de façon tout à fait équivalente dans les entreprises aussi en ces mois de mai, juin, le temps de publication des bilans. Ce compte administratif 2011 est donc, Monsieur le Président, votre bilan 2011.
Or, comme dans toutes les entreprises un bilan isolé n’a que peu de valeur d’enseignement. En effet, un bilan comme ici à la Région, ce compte administratif 2011 doit être mis en perspective avec ses prédécesseurs, mais pas seulement avec le seul précédent, comme vous l’avez fait d’ailleurs. Vous avez toujours comparé vos chiffres 2011 par rapport aux chiffres 2010. Mais, de la même façon, commenter des chiffres dans ce bilan ou d’un seul compte administratif, fût-ce le dernier, est un exercice idiot que je laisse d’ailleurs bien volontiers à ceux qui viennent de me précéder ou à celui qui me suivra.
Non, il est beaucoup plus intéressant et éclairant de comparer l’évolution des chiffres, ratios et autres pourcentages, sur une période ou sur une durée. D’ailleurs, à ce sujet je vous remercie, car vous nous avez communiqué dans ce rapport presque à chaque page de l’évolution sur une période de 5 années 2007-2011, quelquefois même sur une période plus longue 2005-2011, voire 1999-2011. Avec ces éléments avec ses tableaux de chiffres, avec ses graphiques, il est très facile de tracer les tendances, ce que l’on appelle le trend, comme disent les analystes financiers, et pas seulement les analystes financiers anglo-saxons.
Dans l’abondante matière qui nous est fournie sur le compte administratif, pour ne pas être trop long, j’en isolerai deux trends. Le premier concernant les dépenses de fonctionnement, le deuxième concernant les dépenses d’investissement. Ces deux trends mis en perspective toutefois avec le troisième qui sera celui du budget total de notre collectivité. Ces chiffres sont résumés en page 31 de l’annexe du rapport, ce que vous avez intitulé l’analyse rétrospective, chacun peut s’y reporter et c’est très bien de nous avoir communiqué ce tableau.
Concernant les dépenses de fonctionnement qui sont détaillées en page 7 du rapport, sur les 5 années 2007-2011 la tendance, le trend est positif, c’est-à-dire que la tendance est à la hausse, la courbe monte. Cette hausse cumulée sur la période considérée des 5 années 2007-2011 est de +14 %, nous sommes passés de 1 351 M€ en 2007 à 1 542 M€ en 2011. Je sais, nous savons parfaitement, ce que vous nous répondez sur la cause de cette tendance : « C’est la faute des transferts de compétence. »
Il est tout de même piquant, Monsieur le Vice-président, de nous justifier cette hausse 2011 de +2,7 comme essentiellement exceptionnelle, conjoncturelle (comme c’était inscrit), comme si finalement année après année la hausse cumulée de +14 % n’était que la somme de hausses exceptionnelles ou conjoncturelles annuelles.
En somme, vous écrivez une équation mathématique, c’est ce que j’appelle l’équation rhônalpine de QUEYRANNE : 5 années (2007-2011) que multiplie une hausse conjoncturelle annuelle égalent une hausse structurelle.
C’est en somme l’équation rhônalpine de QUEYRANNE ou le théorème de DEBAT. Comprenne qui pourra !
Plus intéressant, plus instructif concernant mon deuxième trend, les dépenses d’investissement en page 11 du rapport. Là, c’est encore plus étonnant, ce n’est pas l’équation mathématique à laquelle je vais arriver qui est curieuse ou fumeuse, ce sont les mots mêmes que vous employez pour dire l’explication de ce trend. Sur les 5 années 2007-2011, le trend est négatif, la tendance est donc à la baisse la courbe descend. Cette baisse cumulée sur la période considérée 2007-2011 est de -20 %. -20 % ! Je dois dire que l’explication que vous nous donnez pour ces très mauvais chiffres est savoureuse. Elle est savoureuse parce que les mots sont parfaitement choisis et sont aussi à nouveau très financiers, vous nous dites, c’est inscrit : « C’est la tendance à la consolidation. »
Je vais quand même dire une chose sur ce verbiage, quand l’on entend un analyste financier parler à propos d’une analyse dans une entreprise que « c’est la tendance à la consolidation », il s’agit d’une formule « tarte à la crème » qu’emploient ces gens-là pour dire que la situation de cette entreprise n’est pas brillante et qu’il est urgent d’aller investir ailleurs.
Il faut de surcroît un sacré volume de « culot », mais cela, c’est le socialisme en marche, pour asséner en parallèle de cette baisse de 20 % des investissements sur 5 ans que vos orientations financières stratégiques sont, je vous cite, page 11 paragraphe 1 : « Privilégier l’investissement pour permettre à la Région d’actionner un effet de levier au bénéfice de l’emploi, du territoire et de l’économie régionale ».
En somme, je résume, nouvelle équation : -20 % de dépenses d’investissement sur 5 ans égalent privilégier l’investissement, ou comment dire par des mots, Monsieur le Président, l’exact contraire de ce que l’on trouve dans les chiffres. C’est surréaliste ! Monsieur DEBAT, je crois qu’il faut ou arrêter le socialisme pour votre santé future, ou alors arrêter le « chichon ».
Mon troisième trend concerne, je l’ai annoncé, le budget total. Sur cette période de référence des 5 années 2007-2011, le trend est positif, la courbe remonte, la hausse cumulée est de plus de 4 %. Ce qui est intéressant quand on met en perspective ces trois trends avec ces trois tendances contraires, c’est justement de se livrer à la prospective. Alors, je me suis amusé à la prospective à 20 ou 30 ans en continuant les courbes qui sont inscrites dans votre rapport, ce sera là d’ailleurs ma conclusion. Après tout, année après année vous nous parlez du profil d’extinction de la dette, et l’on va jusqu’en 2032, pour voir la dette s’éteindre, alors je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas me livrer à cet exercice de prospective.
Si l’on continue tout mathématiquement à tracer ces courbes jusqu’en 2035 avec pour préférence les trends de vos 5 derniers comptes administratifs, eh bien, en 2035, le Président de la Région Rhône-Alpes nous présentera le compte administratif suivant : budget total régional 4 000 M€, salariés au siège de Confluent 16 000, dépenses de fonctionnement 3 600 M€, dépenses d’investissement inférieures à 300 M€.
Est-ce de la prospective, de la politique-fiction, une vue de l’esprit, une caricature ? Je vous laisse, Monsieur le Président, méditer ces chiffres parfaitement possibles, parfaitement mathématiques, l’illustration en somme de ce que sont les fruits du socialisme le plus vénéneux appliqués à nos collectivités régionales qui malheureusement, ces chiffres-là, n’ont jamais été tempérés par le libéralisme véreux.
Bien évidemment, nous voterons contre ce compte administratif. Merci.
Bruno Gollnisch : Madame la Vice-présidente. J’avais prévu d’amples développements, je vais les résumer. Ce bilan du millénaire pour le développement n’est pas un bilan, c’est purement comptable, c’est une ventilation entre postes développement durable, sécurité alimentaire, santé maternelle et infantile, etc. Mais comme l’on ne sait pas très bien ce qui est mis sous l’épithète développement durable, c’est en réalité purement comptable. Ce qui serait intéressant, c’est d’avoir un bilan des actions effectivement entreprises : que reste-t-il par exemple des bénéfices que les populations ont pu tirer de notre action dans la région de l’éré au regard des développements politiques actuels très inquiétants du Mali ?Voilà par exemple une question qui mériterait d’être posée.
Je pourrai me livrer à de beaucoup plus amples commentaires, mais je ne veux pas abuser du temps de parole. Je proteste cependant contre le fait que deux sujets qui n’ont rigoureusement rien à voir − et dont l’un a quand même une certaine importance − que le développement ait été à mon sens abusivement concentré dans un temps de parole aussi bref, ce n’est pas digne d’une véritable assemblée délibératrice.
Merci beaucoup.