Intervention de Sophie Robert – 14 octobre 2011
Rapport n°11.01.642
Monsieur le Président, chers Collègues,
Vous démontrez dans ce rapport l’importance qu’a pour nous l’éducation de nos enfants puisque vous suggérez d’améliorer la qualité des infrastructures régionales par le PPI 2012/2014 pour un montant de 410 M €. 410 M€ pour avoir de beaux locaux, c’est bien ! Mais est-ce vraiment le plus important pour nos enfants ?
Les syndicats sont dans la rue : 16 000 postes d’enseignants vont être supprimés cette année et 16 000 l’année prochaine aussi.
Pourtant jamais dans notre histoire l’Éducation nationale n’a eu autant de moyens budgétaire à sa disposition. En effet, d’après la Cour des comptes, les dépenses d’éducation ont augmenté de 60 milliards d’€ depuis 1980 alors qu’on compte 600 000 élèves de moins. Et ce budget ne cesse de gonfler, y compris en 2010 et 2011.
Alors, si l’école se porte aussi mal aujourd’hui, ne serait-ce pas plutôt une question de programme ou de méthodes d’enseignement imposés au lieu d’un manque de moyens ?
Si les professeurs essaient de faire leur travail, les syndicats ne parlent que de problèmes de moyens financiers et non d’éducation. A force de grèves, de manifestations ils ont obtenu des augmentations budgétaires de l’Éducation Nationale. Mais ce budget ne sert pas à l’enseignement !
Alors que l’on supprime des professeurs et que les classes de nos enfants sont surchargées, l’Éducation Nationale emploie 126 915 fonctionnaires non enseignants (je ne compte pas les personnels techniques et les surveillants bien sûr). Ces 126 915 fonctionnaires ne sont que des administratifs qui ne voient jamais les élèves. Sont-ils vraiment tous indispensables à nos enfants ?
En réalité, on compte 852 907 professeurs pour 12 millions d’élèves, ce qui ferait 1 professeur pour 14 élèves… Ce n’est évidemment pas le cas dans les classes de nos enfants. Des milliers de professeurs bénéficient de décharge pour faire du syndicalisme plutôt que des cours.
En cette période de crise qui ravage notre économie, l’État veut réduire certains budgets ; d’où ces 16 000 suppressions de postes d’enseignants. J’en conclus qu’il y aura 1 professeur pour 14.3 élèves en 2012 et 1 pour 14.6 élèves en 2013.
Ce « dégraissage du mammouth », pour reprendre le mot d’un de vos amis, messieurs et mesdames de la majorité, va-t-il changer quoique ce soit aux conditions d’enseignement en France ? Non.
Depuis 1995, l’enseignement français connait une régression très inquiétante : 30% des élèves qui sortent de nos écoles après 18 ans en moyenne sont des lecteurs mauvais ou médiocres. Cela veut dire que, pendant toutes ces années, l’Éducation nationale n’a même pas réussi à leur apprendre à lire. Lire des consignes ou des panneaux de circulation est plus qu’une épreuve pour eux. On essaie de masquer cette réalité en donnant aux professeurs des consignes pour relever les notes au bac !
La situation est très grave mais pas inéluctable : si on veut bien réduire le coût des administratifs et des professeurs en décharge pour syndicalisme, en revenir aux fondamentaux dans les écoles, avec des méthodes rigoureuses de bon sens et ayant fait leur preuve, et sans vouloir vous viser, monsieur Mérieux, en arrêtant les expériences pédagogiques catastrophiques, nous pourrons refonder l’école, pour qu’elle assure l’avenir de la Nation, en préparant les réussites de demain, en permettant aux jeunes Français de faire valoir leur mérites et en rendant possibles leurs projets.
Alors oui dans ces conditions nous aurions envie de soutenir ce PPI qui privilégie les bonnes conditions d’apprentissage dans des locaux conformes au plan Energie II, tout en permettant de réduire nos consommations d’énergie et à moindre coût même si -petit bémol à ce constat- nous déplorons qu’aucune mesure ne soit envisagée pour concourir à la sécurité des professeurs et des élèves tant à l’intérieur qu’aux abords des établissements.
D’autre part nous nous étonnons toujours de voir passer en CAO des constructions de bâtiments pour l’enseignement public qui ont une durée de réalisation si longue entre le début du projet et la fin, parfois 15 ans ! Et surtout peut-être de leurs coûts.
Je prends un exemple que je connais bien puisqu’il est à côté de chez moi et que je me suis entretenue longuement avec le maitre d’œuvre de ce bâtiment : le collège privé de Montrond-les-Bains dans la Loire. Comment se fait-il que ce projet ait pu être réalisé en 28 mois, depuis une feuille blanche en avril 2009 à une remise des clés le 5 septembre 2011 ?
Je sais que la règlementation sur les appels d’offre publics est très contraignante, mais je m’interroge quand même sur le coût des bâtiments que nous construisons : quand nous comptons en moyenne 1 500 €/m2, pour la construction de nos lycées, ce maître d’œuvre privé a réussi à obtenir 1060 € du m2 pour un magnifique bâtiment, norme THPE respectée, soit un coût de construction 1/3 moins cher que ce que nous faisons à la Région. Loin de moi l’idée de remettre en cause les membres de la CAO qui sont toujours très rigoureux dans l’analyse des dossiers mais enfin il doit quand même y avoir un moyen pour baisser nos coûts de construction et réduire les délais de livraison.
Nous sommes conscients que la compétence Lycées est une politique majeure de la Région et à ce titre il est difficile de nous y opposer d’autant plus que nous avons toujours voté le PPI. Mais en raison des constats cités précédemment, Monsieur le Président, mes chers Collègues, nous nous abstiendrons sur ce rapport.
Je vous remercie.