Intervention de Dominique Martin – 14 octobre 2011
Rapport n°11.02.646
Monsieur le Président, chers Collègues,
J’aimerais tout d’abord vous féliciter pour l’exposé de vos motifs qui sont très clairs et qui, pour une fois, masquent à peine la réalité de votre projet relatif à « l’organisation de la formation dans le domaine des compétences premières ».
En effet tout au long de ces 10 pages, on retrouve régulièrement les mots « d’intégration citoyenne, d’insertion, de construction d’un système de formation plus juste, de découverte professionnelle, de développement des aptitudes sociales, de développement d’une approche culturelle et citoyenne, de réactivation des habiletés sociales, de capacité à travailler dans un collectif, d’accompagnement socio pédagogique renforcé, de lutte contre les discriminations, etc…».
Je l’avais d’ailleurs présenti en avril dernier, lorsque parlant de votre rapport n°11.02.203, support et prémisses du présent rapport, je vous disais assez naïvement :
« …, je trouve cependant deux idées intéressantes dans l’exposé de vos motifs (…) pour faire du ménage et rendre le système plus lisible :
La première étant de clarifier le cadre d’intervention autour de trois finalités, ou trois portes d’accès :
Les compétences premières : en fait savoir lire, écrire et compter, même si c’est la mission de l’Éducation Nationale.
La qualification professionnelle ou le véritable apprentissage d’un métier.
Et la certification par l’obtention d’une formation diplômante.
La seconde étant la mise en ouvre de deux modalités :
Une modalité structurante que vous appelez « la programmation collective », pour répondre aux besoins des territoires et des entreprises.
Et une modalité de soutien aux « projets individuels et collectifs de formation », pour répondre aux besoins des personnes.
Aujourd’hui, les choses sont dites clairement, il s’agit pour vous d’organiser la Formation Initiale, renommée par vous acquisition des compétences premières, des personnes issues de l’immigration, avec ou sans emploi salarié, sans emploi salarié, un comble !
Je vous cite, page 103 : « Le segment ‘Maîtrise de la langue française’ (…) aura pour objectif spécifique de développer dans le cadre d’une démarche d’insertion professionnelle, pour des publics dont la langue maternelle n’est pas le français, la maîtrise orale et écrite de la langue française… ».
Pourquoi pas, l’idée est généreuse, généreuse comme une idée socialiste qui veut faire le bien avec l’argent des autres, des rhônalpins en l’occurrence, une idée forcément bonne de votre point de vue car elle sera horriblement budgétivore.
Mais dans les faits, de quoi s’agit-il ?
Avec vos « Quatre segments de formation articulés », il s’agit, ni plus, ni moins, de faire en quelques semaines ou en quelques mois, ce que devrait faire notre Éducation Nationale en plusieurs années : la maîtrise des savoirs de base que sont lire, écrire et compter. Pour faciliter cette tâche immense, vous y rajoutez la maîtrise de l’outil informatique : rien que ça !
Permettez-moi de vous affirmer que c’est une utopie, vous rêvez.
Pour réaliser votre projet, vous imposez ce que vous appelez « Les obligations de service public ».
Là, c’est ubuesque, et permettez- moi d’être politiquement incorrect.
Ce que vous appelez « L’accès universel », c’est tout simplement l’accès au Club Med.
Ce que vous appelez « La continuité », ce sont tout simplement les activités gratuites et à la carte.
Ce que vous appelez « L’adaptabilité », c’est la possibilité de changer gratuitement son séjour, sa destination et ses options en cours de route, ce qui n’existe même pas dans les formules « all inclusive ».
Avec ce que vous appelez « La qualité », la Région va s’occuper de tout : des décors, des menus, et des GO (les Gentils Organisateurs).
Enfin, avec « la protection des utilisateurs », vos GM (les Gentils Membres) ont toutes les garanties, toutes les assurances, sauf peut-être l’assurance rapatriement…
Pour encadrer votre utopie ubuesque vous préconisez « Un partenariat institutionnel contractualisé », vieille tarte à la crème dont vous avez le secret, et que vous nous servez à chaque séance depuis 7 ans.
Mais vous omettez un partenariat essentiel, le partenariat avec ces grandes entreprises, celles du MEDEF, qui ont recours à cette main d’oeuvre peu ou pas qualifiée pour peser à la baise sur les salaires des travailleurs dont la langue maternelle est le français.
Dans ce partenariat institutionnel, vous omettez aussi de remettre en cause le rôle de l’État UMP qui a négocié et obtenu les accords de Schengen qui permettent à ces grandes entreprises d’aller se servir dans le monde entier.
Décidément vos partenariats sont à l’image de ce faux humanisme que vous revendiquez sans cesse, à tort et à travers.
Dans votre projet d’un « Partenariat opérationnel à structurer », vous annoncez clairement (page 107) votre volonté, je vous cite, « d’assurer une couverture maximale des besoins ainsi qu’une optimisation des financements ».
Laissez-moi alors vous poser cette simple question : tous les moyens ou presque seront dédiés à la formation des travailleurs issus de l’immigration, avec ou sans emploi ? Que restera-t-il alors à nos autochtones français qui voudraient suivre des formations professionnelles ?
Enfin, vous avez cette idée géante « Des territoires associés à la mise en œuvre », via les CTEF, pour en vérité organiser le traitement social du chômage de ces populations issues de l’immigration, avec la volonté à peine voilée d’acheter la paix sociale, mais aussi la paix civile, et surtout la volonté d’obtenir leurs votes lors des prochaines échéances électorales.
Monsieur le Président, chers collègues,
Votre rapport est l’aveu de ce que nous dénonçons depuis tant d’années. J’ose à peine vous le rappeler, la Formation Professionnelle comme la Formation Continue sont trop souvent utilisées comme des outils de traitement des problèmes sociaux pour les personnes en difficulté, et non comme un dispositif d’acquisition et de valorisation des compétences. Le constat est certes amer, mais la Formation est plus que jamais devenue un dispositif de plus pour gérer l’échec de l’Éducation Nationale et les effets collatéraux de la mondialisation et de l’immigration.
Les pseudos stagiaires de la formation sont tenus sous perfusion dans l’attente d’un nouvel emploi plus ou moins précaire, sans véritable motivation quant au contenu des formations dispensées.
Ces pseudos stagiaires sont les nouveaux esclaves de ces entreprises du CAC 40 qui exploitent à fond tous les avantages pervers que leur fournit la mondialisation.
La seule, l’unique solution, celle que vous ne voulez pas admettre, est l’inversion des flux migratoires par la simple application de la Préférence Nationale.
Je vous rappelle notre position : la seule mesure à prendre pour accéder à l’efficacité en matière de formation est de tout remettre à plat, et de placer l’entreprise au centre des dispositifs de transmission des savoir-faire, en revalorisant l’apprentissage, et ce dès l’âge de 14 ans. Car seules les entreprises, en particulier les PMI-PME et les TPE, créent de l’emploi, et elles seules transmettent les savoir-faire, tout en restant à la pointe de la technologie.
Le Front National reste résolument pour l’école de l’effort, pour l’école du mérite, et continuera d’aider toutes celles et tous ceux qui veulent s’élever, dans leur propre intérêt, comme dans l’intérêt de la collectivité tout entière, plutôt que de profiter des tous les avantages sociaux qui entretiennent l’oisiveté et la décadence de notre société.
Monsieur le Président, chers Collègues,
Je vous remercie de votre attention.