Intervention de Nicole de Lacheisserie -1er juillet 2011
Rapport n° 11.13.440
Madame la Présidente, chers collègues,
Le tourisme social et solidaire est né d’une exigence éthique portée par une revendication militante.
En 1936, on verra avec la loi des 15 jours de congés payés le départ en vacances de centaines de milliers de salariés.
En 1947, on constatera l’émergence des maisons familiales, des comités d’entreprise puis le tourisme de masse commence à se développer.
En 1960, la troisième semaine de congés payés verra l’offre touristique évoluer avec les villages de vacances. Nous étions loin, à cette époque, de construire le citoyen de demain.
En 1972, le Bureau International du Tourisme Social donne une dimension universelle au tourisme social en proclamant dans la charte de Vienne que l’accès au tourisme doit être considéré comme un droit inaliénable de l’individu.
Depuis 1990, les désirs et les besoins de la clientèle ne cessent d’augmenter. Les contraintes réglementaires et économiques de plus en plus fortes, la pression foncière de plus en plus lourde et les aides à la pierre en constante diminution ne feront qu’amplifier le désengagement de certains gestionnaires.
Aujourd’hui, vous nous présentez un rapport dont je dois reconnaître la clarté, où les termes abscons ou tarte à la crème y sont heureusement absents. Certes, le texte travestit quelques idéologies, il ne les occulte pas.
« Relancer la dynamique du tourisme », en 2006, un premier Schéma régional de développement des loisirs et du tourisme a vu le jour. La Région voulait donner, je cite « un nouvel éclairage, de nouvelles perspectives » qui ne firent pas des étincelles, loin de là puisque 108 établissements en Rhône-Alpes ont fermé en cinq ans, 783 000 nuitées perdues dans le seul secteur associatif.
En 2008, je cite toujours : « Oui, ce sont bien des politiques nouvelles. Oui, il s’agit bien de redéployer les moyens financiers et d’arrêter certains saupoudrages. »
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Toujours au même constat, des résultats bien en deçà des espérances et des promesses. Vous l’avez compris, la dynamique n’est plus là, il faut la relancer. Ce petit jeu peut continuer longtemps mais lasse le contribuable. Pourquoi cette dynamique fléchit-elle ?
Revenons au titre de ce rapport : tourisme social.
Je ne me permettrai pas de juger les personnes qui s’emploient souvent avec dévouement et abnégation.
Le rapport nous rappelle que l’accès aux vacances et aux loisirs est un droit. Malgré ce droit, le taux de départ s’effrite. Il est erroné de croire ou de faire croire que, puisque c’est un droit, une résolution se déroulera comme certains l’ont décidé. Voyez par exemple le droit au travail, au logement, aux soins gratuits, le droit de penser.
A ce sujet, j’aimerais vous lire un extrait de l’Ouest Syndicaliste, bulletin d’information de la CGT-FO de Loire-Atlantique, n°130 du 15 mai 1980 : « Reconnaître à l’homme des droits sans lui imposer des devoirs, c’est le corrompre. Lui imposer des devoirs sans lui reconnaître des droits, c’est l’avilir. »
J’allais oublier de préciser l’auteur de cette phrase citée par le syndicat, c’était le Maréchal Pétain.
En poursuivant ce rapport, le terme « social » est explicité par la mixité sociale : mélanger qui et quoi ?
Là encore, l’utopie domine la raison. La mixité des comportements nous en apporte la preuve. L’entêtement en l’affaire a voué votre projet à l’échec.
Pour continuer le titre de ce rapport « Tourisme social et solidaire », la solidarité est un sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle. Lorsqu’elle est imposée, elle devient une contrainte et, s’ajoutant aux autres solidarités contraignantes, elle devient inefficace.
N’oublions pas le contribuable qui souvent peine à boucler ses fins de mois et ne peut partir en vacances.
Enfin, ce tourisme s’adresse à la jeunesse. C’est là que l’idéologie se dévoile. Vous avez le souci de préparer la jeunesse française à la citoyenneté européenne. Apprenons-leur d’abord l’amour du pays qui les nourrit, les soigne, les éduque, la France. Comment ceux qui la haïssent se sentiraient-ils plus allemands, belges, italiens ?
Là encore, la réalité est loin de vos vœux ou souhaits.
La conscience d’une planète partagée, pour reprendre vos termes, commencerait déjà par le respect du petit territoire sur lequel ils vivent.
Vous persistez dans la volonté de prendre en main l’éducation des enfants mais dans une idéologie qui vous appartient, je cite : « Construction des citoyens de demain, objectif d’éducation populaire, mouvements d’éducation populaire. Revaloriser ce tourisme social et solidaire autour du collectif, vivre ensemble, de la mixité, de l’écocitoyenneté. »
Comment se réaliseront ces valeurs de la construction du citoyen de demain ? Vous répondez dans la gestion vertueuse du personnel, vertu liée sans doute à l’idéologie plutôt qu’à la morale. Le reconnaissant vous-mêmes dans ce rapport, et comme à votre habitude, vous vous immiscez dans des domaines hors compétence régionale.
De plus, vous voulez créer et diriger une maison commune réunissant tous les acteurs du tourisme en direction de la jeunesse, faire face à des incivilités de plus en plus nombreuses, la tâche sera d’autant plus dure qu’un sentiment de découragement s’accentue au niveau des professionnels du tourisme social.
Vous l’aurez compris, le groupe Front National votera contre ce rapport.
Nous vous remercions chers collègues et Mme la Présidente.