Intervention de M. Christophe Boudot – 7 avril 2011
Rapport n° 11.11.212
Monsieur le Président, Madame la vice-Présidente, chers collègues,
L’une des fiertés de notre bonne ville de Lyon est d’être le berceau historique du cinéma.
De même, nos belles provinces, la Dombes, le Dauphiné, la Savoie, etc… sont des décors naturels uniques qui placent notre région au premier rang français (derrière les studios de la région parisienne) en termes de production et de localisation des tournages.
La position de mon groupe a toujours été de favoriser l’amélioration de la qualité de l’offre cinématographique en Rhône-Alpes.
Aujourd’hui, vous nous proposez de reconduire la convention de la région avec Rhône-Alpes Cinéma, structure de coproduction cinématographique, devenu aujourd’hui le pôle principal de la filière- image dans notre région.
Souvenons-nous un peu :
Dès la création de Rhône alpes cinéma, en 1990, nous nous étions montrés critiques, non pas sur l’idée même de soutien à la création et à la production audiovisuelle,( même si nous dénoncions l’extension insupportable de la clause de compétence générale), mais nous avons été très attentifs au fonctionnement et à l’évolution de cette structure qui, sous la direction de Roger Planchon n’a pas été un long fleuve tranquille…loin s’en faut !
Ainsi, Rhône alpes cinéma a-t-elle longtemps mêlé action publique et intérêt privé.
Il y a quelques années, en décembre 2005, notre groupe par l’intermédiaire du président Gollnisch et du vice président Perrot avait pointé ses graves dysfonctionnements, proposant l’analyse dans cette enceinte d’un rapport de la cour des comptes très acerbe sur le fonctionnement et la structure juridique de Rhône-Alpes Cinéma.
Il est vrai, je dois le reconnaître, que de nombreuses corrections ont été apportées et que pour survivre et se développer, la structure a due tenir compte de l’ensemble des remarques et des critiques formulées, encore dernièrement par la cour administrative d’appel de Lyon.
Il est évident que la culture en général et le cinéma en particulier ne sont pas des produits de grandes consommations comme les autres. L’exception culturelle est un fait que nous pouvons admettre.
Cependant le milieu du cinéma ne saurait s’affranchir d’une certaine logique de rentabilité, notamment lorsqu’il s’agit d’argent public et plus précisément de celui des ménages rhônalpins.
En d’autres termes. S’il est vrai que pour 100 briques t’as plus rien !Notre économie à bout de souffle ! Doit tout de même surveiller de très près tous ces jeux interdits…
Mais le manque de contrôles des objectifs définis et le peu de prise sur les choix d’investissement des films soulèvent pour notre institution (qui verse plus de 2 millions d’Euros par an), de grandes interrogations.
La seule présence de notre vice présidente, comme membre de cette commission ne saurait nous rassurer complètement. Au contraire,une commission composée de personnalités diverses issues des groupes politiques (qui sont seuls garant du bon emploi de notre budget) aurait été préférable.
De plus, ce serait un signal fort donné en garantie de la diversité des sujets abordés ainsi que des réalisateurs promus.
J’ai lu dans la presse monsieur le président que vous ne souhaitez pas que vos élus choisissent les films !
Vous y verriez un recul de tout principe démocratique !, j’entends bien ce n’est pas mon propos, mais au risque de me répéter, je crois qu’une commission consultative pourrait très bien se réunir et ainsi garantir la bonne utilisation des fonds versés
Le catalogue de RAC renferme des dizaines de grands succès, et aussi parfois quelques énigmes.
Ainsi, le prochain film en préparation ayant obtenu le concours de Rhône-Alpes Cinéma sera Télé Gaucho,télé gaucho joli nom pour un pléonasme! même si vous préféreriez peut être monsieur le président Le nom de la rose !.
Ce film, télé gaucho dont certains de ses acteurs, Félix Moati, Emmanuelle Béart sont bien connus de vos services de la rue de Solferino et des cercles socialistes parisiens, va recevoir la manne financière de la région, via le RAC, alors qu’il sera essentiellement tourné à Paris cet été, sans, à priori, avoir aucune garantie de tournage en Rhône-Alpes….
Des exemples comme celui là, il y en à d’autres !
Quel est vraiment le retour sur investissement des moyens colossaux dépensés depuis 20 ans dans Rhône alpes Cinéma ?
Vous nous dites que l’activité générée par les tournages profite à l’économie régionale et crée les emplois, nous voulons bien vous croire.
Nous saluons les efforts de Rhône-Alpes Cinéma pour structurer le milieu professionnel du cinéma et de l’image en Rhône-Alpes, c’est un point positif.
Mais bien souvent en la matière, lorsque nous, élus du Front National nous vous parlons de bon emploi de l’argent public et de rentabilité, vous, élus socialistes, nous répondez immanquablement : création et liberté artistique, association fumeuses et culture sans prix …
L’un des plus grands réalisateur du XXe siècle, Claude Autant-Lara, ancien député du Front National avait coutume de dire que la seule défaite dont ne se remet pas un peuple est son effacement culturel. Alors comme lui, nous serons très attentifs aux choix du comité d’investissement et de programmation de Rhône-Alpes Cinéma et n’hésiterons pas à tirer la sonnette d’alarme quand cela sera nécessaire !
Monsieur le président, vous envisagez pour Rhône-Alpes Cinéma, la même chose que ce que réclamait René clair pour le cinéma c’est-à-dire le droit de n’être jugé que sur des promesses.
Face au manque de garantie dont souffre cette affaire, vous comprendrez bien que nous ne pourrons pas voter en l’état le renouvellement de la convention.
Je vous remercie.