Intervention de Blanche Chaussat – 8 avril 2011
Rapport n° 11.15.215
Monsieur le Président, chers collègues,
Il n’y a pas si longtemps, existait ce que beaucoup d’hommes présents dans cette assemblée ont sûrement connu, le service militaire. Il représentait une part importante dans les moyens que l’Etat mettait en œuvre pour transmettre aux jeunes générations le goût de l’effort, le sens du dévouement et du service, l’importance du lien social et la défense de la Patrie.
Depuis la disparition de cette véritable institution républicaine, un déficit important de transmission de ces valeurs s’est fait sentir dans le comportement des plus jeunes de nos compatriotes, l’école et la société civile n’ayant pas réussi à prendre le relais en ce domaine.
C’est pour palier ce manque évident qu’a été mis en place par l’Etat le service civique permettant à des jeunes gens de donner de leur temps et de leur énergie pour le bien commun.
Selon les témoignages qu’ils livrent volontiers à la presse, les jeunes participant au service civique, bien qu’ils soient supposés venir de tous horizons, semblent être moins des jeunes issus de banlieue en difficulté que des jeunes sans problèmes. Ces derniers sont souvent diplômés et désireux d’acquérir une première expérience professionnelle, à la fois gratifiante puisque réputée sociale et leur apportant une satisfaction personnelle car correspondant à leur centre d’intérêt.
Pour les jeunes réellement en difficultés, en manque de repères, ayant des problèmes avec l’autorité ou en retard au niveau scolaire, les dispositifs envisagés semblent inappropriés. En effet le cadre proposé par le service civique est une version sous rémunérée du travail salarié et une mauvaise image de la relation employeur-employé. Ce qui pour ces jeunes risque de se révéler être dévalorisant et devenir source de frustration et de conflits.
Au regard des données encore plus rares portant sur la nature qualitative des expériences, il semble que les tâches confiées aux jeunes volontaires pourraient être effectuées dans le cadre d’un contrat de travail normal. Ce service peut très facilement faire concurrence à une activité salariée déjà existante. Il n’est pas nécessaire de s’abriter derrière la notion de « service » s’il s’agit de donner une première expérience professionnelle aux jeunes français.
Ces données éparses semblent indiquer que le service civique touche essentiellement des jeunes gens qui ont déjà envie de s’investir dans la société, ont déjà un sens des responsabilités.
Encourager le sens du service par la rémunération, est une vision fausse.
Nous considérons que l’acquisition du sens civique par l’éducation et l’enseignement devrait précéder l’engagement au service de la société plutôt que le contraire.
L’éducation citoyenne comme d’ailleurs les sentiments d’appartenance à une entité commune, la Nation, et la conscience des devoirs que l’on a envers elle, devraient être donnés dans le réseau scolaire en appui de l’éducation parentale.
C’est pourquoi nous ne pensons pas que le service civique comme moyen de ré-éducation soit une bonne solution.
En revanche il pourrait être bénéfique pour les jeunes gens dont la volonté de se rendre utile à la communauté nationale les pousseraient à donner de leur temps au service de la collectivité. Mais là aussi il y a des pièges à éviter.
Les seules activités acceptables pour le service civique seraient donc celles qui ne rentrent pas en concurrence avec des emplois existants. En ce sens, les principales activités éligibles pour ce service devraient être la protection civile et la protection militaire. Nous en sommes actuellement bien loin.
Nous approuvons le constat selon lequel le service militaire a laissé un vide, non seulement en terme de cohésion sociale mais aussi de formation civique.
Le Front National propose de réactiver les Préparations Militaires dont on constate qu’elles attiraient de nombreux jeunes, y compris issus de l’immigration.
On peut également développer progressivement, à condition d’y mettre réellement les moyens, un volontariat destiné à la protection civile et/ou au secours des populations. Ceci déboucherait par exemple pour de nombreux jeunes désireux de servir, à la participation aux activités des pompiers volontaires qui réalisent, notamment en milieu rural, un véritable maillage du territoire. Mais d’autres organismes tels que la Croix Rouge, l’Office National des Forets et ceux qui œuvrent dans les domaines sociaux et familiaux pourraient également proposer des stages volontaires, sous réserve que ces activités ne constituent pas une concurrence déloyale dans le domaine économique et qu’elles soient pourvues d’une réelle attractivité et utilité pour les jeunes concernés.
Un stage inintéressant et une condition de travailleurs exploités n’auraient d’autre effet que de susciter déception et méfiance à l’égard des pouvoirs publics.
Quant à l’instruction civique elle relève à la fois de l’Education nationale et parentale, d’une politique d’encouragement des mouvements de scoutismes et assimilés par exemples, extrêmement formateur sur le plan social.
Mais on attend aussi un changement d’attitude des autorités publiques. On ne peut en effet pas à la fois prétendre promouvoir l’attachement à la nation età ses valeurs telles que le don de soi et le sens du service, et ne cesser de dénigrer cette même nation, son passé et ses actes, à travers de perpétuelles cérémonies de repentances.
Cette attitude d’autodénigrement systématique a un effet extrêmement néfaste sur les jeunes générations, sur le respect, l’amour, et le sens du dévouement qu’elles peuvent avoir pour la France et son peuple.
C’est pourquoi nous ne voterons pas ce projet qui fait de la Région le suppléant inefficace d’un Etat qui refuse de remplir ses missions les plus élémentaires.