Intervention de Gabriel de Peyrecave – 24 février 2011
Rapport n° 11.04.101
Monsieur le Président, chers collègues,
Après avoir bénéficié d’un schéma régional de développement économique pendant cinq années, nous voici réunis pour étudier non pas un schéma comme en 2005, mais une stratégie. Le terme change, la politique économique de la Région va donc changer, Jean-Louis Gagnaire a ouvert les yeux, il est prêt à mettre en place une nouvelle stratégie, du grec stratos qui signifie armée et ageîn qui signifie conduire, nous allons donc avoir une politique véritablement ambitieuse. Branle-bas de combat, la Région se met en ordre de marche pour sauvegarder nos entreprises et nos emplois.
J’aimerais pouvoir vous le dire, mais il n’en est rien. Le bébé bouffi et impotent de 2005 est devenu grand, d’un volumineux rapport de 66 pages, nous passons à un rapport de 10 pages supplémentaires, bébé a donc pris 2 kg par an, nous voici passer d’un bébé bouffi et impotent à bébé rêveur et dormeur. Votre rapport est une berceuse et je vais vous démontrer pourquoi.
Jean-Louis Gagnaire avec son rapport réussira effectivement à nous endormir, tout va bien, on change l’intitulé de la nouvelle politique, on saupoudre de quelques titres évocateurs, on ajoute un peu de changement climatique, un peu d’inégalité sociale, quelques leviers et le tour est joué, tout le monde dort. La nouvelle berceuse liée aux bonnes vieilles recettes socialistes, agrémentée de bons sentiments, fonctionne. Pendant ce temps, on continue la politique socialiste complètement désastreuse. Du reste, vous voyez, Monsieur Friedenberg, je ne suis pas allé jusqu’au plan quinquennal soviétique. Pourtant, Monsieur le Président, dans Lyon actualités du 22 février 2011, vous ne dormiez pas. Je vous cite : « Aujourd’hui, moins de la moitié des emplois perdus dans les dernières années a été reconstituée ».
Vous pourriez, en faisant ce constat, tirer des leçons et conclure que vous vous êtes trompé mais, non, on constate que la crise est l’une des causes, que la crise est coupable depuis 2008. La crise a bon dos. C’est donc en 2008 qu’il aurait peut-être fallu sortir un plan b, changer de stratégie ou au moins mettre en place une tactique 2008, mais non, la stratégie doit aller jusqu’au bout. C’est là qu’on se rend compte que la stratégie de la Région permet effectivement de structurer le paysage économique, mais certainement pas de sauvegarder des emplois.
Ces structures nous obligent à respecter un modèle, on manque totalement de liberté. La grande réalité est que le tissu économique français crève de cet empilement de concepts, de cette création de nouvelles structures, de tout ce régiment de conseillers, d’études, d’expertises, qui ne sont jamais les payeurs. Regardez votre rapport, faites-le lire à des entrepreneurs, vous vous donnez comme objectif d’accompagner la croissance des entreprises, vous parlez d’un plan TPE pour les artisans et les commerçants isolés, qui représentent 60 % de l’emploi de notre Région, mais combien de plans vont sortir ?
Combien d’expertises seront faites ? Vous souhaitez les aider en les organisant par territoire et par secteur d’activité, vous allez donc là aussi créer encore des structures, toujours plus d’associations, qui chapeauteront d’autres associations, qui elles-mêmes en chapeauteront encore, pour enfin chapeauter le territoire, création aussi d’associations par secteur d’activité, et encore et toujours plus de structures.
En mettant en place les intermédiaires, ne pensez-vous pas que les financements s’usent petit à petit avant d’arriver à l’entreprise du petit artisan isolé ? Ne pensez-vous pas qu’il y a d’autres possibilités de gérer une collectivité en temps de crise ? Nous l’avons déjà rappelé à maintes reprises, notamment lors des discussions sur le budget, en temps de crise il faut diminuer les dépenses publiques, mais vous n’en faites rien. Vous avez rejeté notre amendement qui, pourtant de bon sens, permettait de faire baisser les dépenses, mais vous préférez continuer votre politique.
Continuez. Charles Perrot vous a déjà prévenu en citant Robert Mundell, qui fut prix Nobel d’économie en 1999 et qui dit : « Les démocraties qui ne diminuent par leurs dépenses publiques et leurs impôts creusent leur propre tombe ». Continuez alors, mais attention, comme le dit Louis-Ferdinand Céline « L’histoire ne repasse pas les plats ». Mon groupe, le Front National, vous aura suffisamment averti, éclairé et prévenu et vous n’aurez pas à dire « je ne savais pas ». Merci.