Intervention de Bruno Gollnisch – 17 décembre 2010
Rapport 10.12.765 : vote du Budget primitif 2011
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Nous avons eu une agréable surprise à la lecture de votre projet qui nous paraissait d’une modération remarquable et à laquelle nous étions peu habitués.
Nous n’y étions évidemment pas habitués de votre part ni de la part des formations politiques qui vous soutiennent, mais pas habitués non plus – il faut bien le rappeler – de la part de vos concurrents du RPR et de l’UDF, aujourd’hui UMP, lorsqu’ils dirigeaient cette Région. Chacun d’entre nous a encore en mémoire le jour où Charles MILLION, acceptant de façon démagogique tous les amendements de la gauche, a augmenté les dépenses de cette Région de 60 % d’une année sur l’autre.
Or là, divine surprise, dans votre projet initial, la fiscalité directe restait inchangée à 468,2 M€ et les recettes étaient même en légère diminution passant de 2,52 Md€ à 2,18 Md€. On peut donc dire que le projet que vous nous aviez soumis hier était moins mauvais que ce à quoi vous nous aviez habitués avant-hier.
Malheureusement, au cours de cette discussion budgétaire, vous vous êtes laissé faire une douce violence et vous avez accepté les amendements d’un certain nombre de ceux qui vous soutiennent, ce qui fait qu’hier, votre budget était moins mauvais, mais aujourd’hui, il est nettement plus mauvais qu’hier.
Il n’en reste pas moins que vous avez fait un effort louable. Vous vous êtes peut-être converti à l’idée qu’il ne fallait pas écorcher le contribuable, qu’il soit d’ailleurs aisé ou modeste, si vous vouliez maintenir un certain niveau d’initiative, de dynamique au sein de la Région et auprès des acteurs économiques.
Il n’en reste pas moins que cette modération est toute relative. Quand je donne le chiffre de 468 M€ de recettes fiscales directes qui figuraient au projet que vous nous aviez communiqué, il faut rappeler quand même qu’en 2006, on n’en était encore – si j’ose dire – qu’à 393 M€. C’est dire le chemin, et le mauvais chemin, qu’on a parcouru depuis.
Une chose également qui demeure, et qui est extrêmement préoccupante, est la perversion continue de la vocation de la Région. Je dois dire que vous n’êtes pas le seul. Cette dérive est celle de toutes les régions françaises sans exception, les 22 régions qui sont aujourd’hui dirigées par la gauche comme résultat du mode de scrutin imbécile et scélérat qui a été adopté par M. SARKOZY, mais aussi la seule région qui reste dirigée par la fausse droite et dont la gestion sur ce point ne diffère pas très sensiblement de la vôtre.
Quelle est cette dérive ? Au départ, la Région était une collectivité d’investissements, et d’investissements qui devaient naturellement être faits sur des projets d’intérêt régional. En fait, elle est devenue une collectivité de fonctionnement et votre budget est un budget de fonctionnement à 70 %.
L’investissement, par conséquent, est en recul et nous avons simplement ajouté une tranche supplémentaire au mille-feuilles administratif dont la France a le triste record mondial qu’elle partage avec la Belgique, sans avoir toutefois des excuses du communautarisme propre à ce pays.
Le saupoudrage continue. Beaucoup de dépenses que nous faisons relèvent des départements. Beaucoup relèvent même des communes, et beaucoup de communes qui auraient les moyens de les assumer toutes seules. Ce chevauchement des compétences, ces financements croisés générateurs d’irresponsabilités se poursuivent dans le budget actuel. Un certain nombre de politiques sont aveuglément reproduites alors qu’elles ont fait la preuve de leur échec, essentiellement la politique de la ville.
Beaucoup de dépenses sont hors compétences. Certaines sont idéologiques. Je n’aurai pas la cruauté de vous rappeler un certain nombre de perles qui nous fourniront la matière de nos prochains documents électoraux, comme ils avaient fourni la matière des précédentes, notamment par exemple le financement du hip-hop au Laos que nous avons dû avaliser, alors qu’il s’agit d’un pays, certes tout à fait remarquable et qui aurait beaucoup à nous apprendre par ses danses traditionnelles, mais qui a d’autres préoccupations que celle-ci à mon avis.
Beaucoup de dépenses inutiles, hors compétences, sont masquées par ce vernis idéologique qu’on rencontre absolument à tout bout de champ et qui fait une utilisation massive d’un certain nombre d’adjectifs comme « citoyen » ou « citoyenne », « durable », ou « participatif ».
Initiative, développement, démocratie, tout ceci est le cache-sexe idéologique d’une dérive extrêmement inquiétante en dépit de votre relative modération.
Un petit effort encore, Monsieur le Président, je vous sens, au fur à mesure que vous progressez en âge, de moins en moins socialiste. Peut-être un jour finirez-vous par rejoindre le camp de la raison et du bon sens ?
Dans l’attente, nous sommes, hélas, contraints de voter contre votre budget. Merci beaucoup.