Décision modificative n° 1 de l’exercice 2010

Intervention de Charles Perrot – 8 juillet 2010

Rapport n° 10.12.433

Monsieur le Président,

L’éditorial de la dernière lettre d’information du Conseil régional de juillet 2010, la lettre Décisions, titre “Finances des Régions : un avenir sous contrainte”.

Vous ouvrez cet éditorial par une déclaration de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie : “L’austérité va faire bondir le chômage et amener la dépression…, jusque-là on peut être d’accord, et Stiglitz continue et précise qu’il vaut mieux dans ces circonstances : “soutenir l’économie en investissant et non en la bridant par des plans de rigueur”.

Au fond, tout à l’examen des propositions de cette DM1 – qui d’ailleurs par la modestie des ajustements n’en fait pas la DM du siècle – je me suis posé la question de savoir en quoi ce postulat tout à fait respectable – et puisque c’est la caution d’un Prix Nobel d’économie, cela n’en est que plus respectable – pourquoi ce postulat, auquel je peux souscrire, nous conduisait, vous, socialistes, et nous, nationalistes, à des propositions politiques diamétralement opposées.

En fait, la réponse à cette interrogation est contenue précisément dans la suite de l’éditorial de Jean-Jack Queyranne, en son dernier paragraphe notamment, et cette réponse au postulat de Stiglitz,c’est d’augmenter “comme jamais” dit Jean-Jack Queyranne, d’augmenter “comme jamais” l’investissement de la Région Rhône-Alpes ; il y voit là les preuves “…de son efficacité, la preuve de votre capacité à soutenir la croissance”. Cela, c’est bien la réponse socialiste à la crise. C’est d’ailleurs la même réponse que celle que les Libéraux ont faite, c’est cette réponse qui vous a fait écrire au Budget primitif 2010 que le chantier du nouveau siège était aussi une bonne réponse pour relancer l’économie en Rhône-Alpes. Il fallait oser ! Vous avez osé !

Dès lors, avec ce postulat et avec l’explication que vous en faites – j’appelle cela un viatique, c’est votre viatique – vos propositions de cette DM1, au chapitre “ajustement des dépenses”, même si, encore une fois, elles sont relativement modestes, elles trouvent leur pleine justification, il n’y a plus rien à dire, tout cela est parfaitement logique puisque la puissance de la collectivité socialiste est toujours légitimement garante de la relance de l’économie.

C’est ainsi que le nouveau siège régional (encore lui) vient absorber dans cette DM1 quelques millions d’euros supplémentaires pour porter son coût total estimé aujourd’hui à 157 millions. En fait, si l’on fait un lissage sur les six derniers mois, par exemple, chaque mois qui passe c’est 1 million d’euros de plus que l’on rajoute pour ce chantier et qu’il faut donc inscrire aux DM successives. Donc, on attend la DM d’automne où, certainement, vous serez encore obligés d’ajouter quelques millions d’euros.

Vous avez choisi Stiglitz pour légitimer cette politique, là aussi je reconnais bien le socialiste qui ne sait pas voir “midi au cadrande son clocher”, qui, au lieu d’aller chercher l’exotique Stiglitz comme caution, aurait pu recourir avantageusement au seul Prix Nobel d’économie que la France n’ait jamais produit, je veux parler de Maurice Allais.

Que dit Maurice Allais ? Ce n’est pas tout à fait la même chose que Joseph Stiglitz, mais c’est tout de même notre Prix Nobel d’économie. Je ne sais pas si les attributaires des Prix Nobel sont politiquement corrects ou non, socialistes ou libéraux, je ne le sais pas, quoi qu’il en soit c’est le seul Prix Nobel d’économie français. Maurice Allais a répondu, en 2005, à la question de savoir ce qu’il convenait de faire face à l’Europe en crise, et notamment sur la politique des collectivités ou de l’Etat. Il disait simplement une chose, qui nous semble de bon sens : “Le système monétaire et financier actuel de l’économie mondiale repose sur de gigantesques pyramides de dettes…” mais cela nous le savons tous “…dans un équilibre instable. Ce système doit être réformé urgemment et en sens contraire”.

Lorsque vos propositions conduisent à diminuer l’emprunt d’équilibre de 9 millions d’euros, vous rendez justice non pas à Joseph Stiglitz, mais à Maurice Allais.

C’est réconfortant, c’est un geste qu’il convenait de saluer et, à ce titre, au Front National, nous le saluons volontiers.

Voilà, Monsieur le Président, l’état de nos réflexions sur cette DM1. Une DM1 modeste dans ses montants, une DM1 malgré tout “plombée” par la dérive financière du nouveau siège, une DM1 dans le droit fil de l’interventionnisme socialiste, avec une petite dose de réduction de l’endettement initialement prévu au Budget primitif, en somme une DM1 “patchwork” pour que chacun puisse y retrouver ses petits.

Je vous remercie.

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