Intervention de Marie Favre – 8 juillet 2010
Rapport n° 10.15.440
En juillet 2009, le dossier d’accompagnement et de soutien financier à la candidature d’Annecy Savoie Mont-Blanc avait été débattu devant cette Assemblée. Notre collègue Jean-Pierre Barbier avait émis de nombreuses réserves quant au financement de ce gigantesque et coûteux projet, mais escomptant des retombées économiques, notre groupe avait validé ce dossier.
On nous avait présenté un pré budget s’élevant à 15 millions et la Région était sollicitée pour 2.500.000 €, uniquement pour le dépôt de la candidature et toute la propagande qui y est associée.
Les responsables annoncent que ce budget passerait aujourd’hui à 21 millions et le budget des infrastructures passerait de 240 à 285.000.000 €, alors que les travaux n’ont pas commencé, puisque la décision ne sera prise qu’en juillet 2011. Beaucoup d’incertitudes et pas du tout de transparence sur les dépenses et les financements à venir.La Région a déjà voté fin 2009 une subvention de 635.550 € pour l’aménagement d’un stade de Biathlon au Grand Bornand. Le coût total de ce stade se monte à près de 5 millions d’euros, payés en quasi-totalité par les collectivités locales.
Quelle sera la position de la Région quand viendra le moment de financer la mise aux normes des sites existants et les nouvelles structures ?
On communique peu sur le coût de ces infrastructures, annonçant que les jeux seraient un accélérateur de projets, comme le Lyon-Turin. Tout ça n’est pas fait pour nous rassurer.
Bien sûr, si des investissements routiers, ferroviaires ou même sportifs sont nécessaires dans notre Région, il faut les envisager mais pas uniquement en vue des JO. A Annecy, on parle d’un anneau de vitesse, de patinoires gigantesques à Seynod. Est-ce que ces travaux seront rentabilisés ? Sûrement non.
La crise que nous subissons au niveau économique, social, et même politique devrait inciter les décideurs à la prudence.
Faut-il rappeler que les grenoblois pour les JO de 1968 ont payé leurs jeux pendant 27 ans ? Leurs impôts ont été multipliés par 2,4 en quelques années.
A Albertville, alors que M. Barnier avait promis l’équilibre, le déficit s’est monté à plus de 115 millions d’euros, mais il n’a pas retenu la leçon puisqu’il soutient ANNECY 2018. Toutes les communes pressenties pour accueillir les épreuves olympiques s’étaient endettées et les Savoyards ont assisté à un brusque arrêt de la commande publique, ce qui a engendré du chômage.
Les artisans locaux, à qui on proposait une charge de travail conséquente sur un court laps de temps ont investi dans la perspective de voir leur entreprise grandir, mais n’ont pas pu rentabiliser leurs investissements. Ils se sont donc endettés pour rien et nombreux sont ceux qui ont fait faillite.
Tout cela se produira dans notre Région avant 2018 si le CIO désigne Annecy, ville olympique.
Dans les journaux, il n’est fait état que des ambitions de M. Rigault, M. Accoyer, M. Monteil, et même M. queyranne, que ce projet est porté par de nombreux champions. Il est évident que de gros intérêts sont en jeu mais par forcément pour le résidant lambda, car en fin de comptes, ce sont les contribuables anneciens, Haut savoyards et Rhône Alpins qui devront payer… et ils paieront pendant des années 15 jours de Jeux olympiques.
N’oublions pas que dans ce genre d’évènements, les bénéfices, quand il y en a, sont toujours privés, mais les déficits sont toujours publics.
A entendre le Comité Olympique et même M. SARKOZY, toute la France serait derrière ces JO. Mais toute la France n’habite pas le département de la Haute-Savoie et depuis une année, nous avons pris le temps d’écouter les populations locales et nous devons tenir compte de leur avis.
Les habitants de la haute vallée de l’Arve souhaitent que la plaine de Passy soit laissée aux agriculteurs et aux promeneurs. Ils ne veulent absolument pas d’une vallée bétonnée, d’une agriculture condamnée.
Au sud du département, la C2A (communauté de communes d’Annecy) a pour projet la création d’une ZAC sur les communes de Seynod et Montagny les Lanches : logements sociaux, bâtiments commerciaux et artisanaux, mais aussi des complexes hôteliers pour satisfaire les exigences du CIO, à savoir 22800 chambres pour la ville hôte en hôtels 3 à 5 étoiles, et Annecy ne peut en proposer que 4.100 à ce jour. La C2A s’approprierait 180 ha de terre agricole en expropriant les agriculteurs.
Effets néfastes sur les finances locales, effets néfastes pour l’agriculture et sur l’environnement…
De plus, si Annecy est sélectionnée, la majorité des Hauts-savoyards et même des Rhônalpins sera écartée des stades ou des pistes par la rareté des places disponibles ou leurs prix prohibitifs. Ils regarderont les épreuves à la télévision et paieront la note.
Pour toutes ces raisons, notre groupe ne souhaite pas que la Région s’engage plus avant dans le soutien à cette candidature et votera contre ce rapport.