Intervention de Charles Perrot – 27 mai 2010
Rapport n° 10.04.306
Monsieur le Président,
Je me limiterai d’abord aux mesures immédiates pour le développement économique, Dominique Martin vous dira dans un second temps ce qu’il convient de penser du chapitre emploi-formation.
Après avoir écouté les orateurs précédents, je crois que ce rapport ne mérite ni cet excès d’honneur de vos amis, ni cet excès d’indignité de vos opposants de l’UMP, parce que, en ce qui nous concerne, nous considérons que ce rapport ne changera rien à l’affaire. J’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion de le dire concernant les différents schémas de développement économique, etc. : qui est capable aujourd’hui de dire pratiquement 2 ans après le début de la crise, si toutes ces aides que vous développez n’avaient pas existé, si la situation serait très différente de ce qu’elle est aujourd’hui ou pas ? Les chiffres du chômage, de l’emploi, etc. seraient-ils très différents de ce qu’ils sont aujourd’hui ? Personne n’est capable de le dire. Je crois qu’en fait le juste milieu est peut-être de dire que cela n’aurait rien changé.
Vous nous brossez une situation actuelle dramatique, un emploi qui ne va pas bien. Les mauvais chiffres de la Région Rhône-Alpes prouvent que la situation est plus que préoccupante, là encore malgré tous vos efforts depuis 2004. Vous tambourinez ainsi : l’emploi, notre première préoccupation.
C’est d’ailleurs l’éditorial de la lettre d’information du Conseil régional « L’emploi, notre première préoccupation ». Je dois dire qu’à lire cet édito j’ai été frappé, Monsieur le Président, par la ressemblance de ce texte, de vos propos, de votre style dans cet éditorial volontaire, de votre ton martial sur ce sujet, bref, la ressemblance avec la prose et le verbe du Président Sarkozy. J’ai vraiment cru que je lisais du Sarkozy lorsqu’il saute sur un fait d’actualité crapuleux, sordide ou odieux, comme chaque jour nous en apporte de terribles témoignages. Parlons récemment de ce qui s’est passé à La Courneuve, à Tremblay-en-France ou à Échirolles, M. Sarkozy trépigne, sautille, donne du coup de menton, du coup de g… et il s’en retourne comme il était venu et absolument rien ne change, tout continue, le pays continue à dégringoler, s’enfonce dans la crise et l’insécurité.
Votre première préoccupation, Monsieur le Président, c’est l’emploi. Cela fait des années que vous nous le dites, pour Sarkozy c’était de nettoyer les banlieues au karcher, rappelez-vous, c’était il y a 4 ans déjà à La Courneuve. Parallélisme des styles, des mots, du ton, des formes, de la communication omniprésente mais parallélisme des échecs.
Si l’on revient à ce Schéma Régional de Développement Économique, c’est déjà un vieux serpent de mer puisque son adoption en novembre 2005 avait été préparée dès novembre 2004 avec le PRE, Plan Régional pour l’Emploi. Déjà à l’époque, en 2004, vous disiez, je vous cite : « Ce PRE marque l’engagement de l’exécutif en faveur d’une action plus résolue pour l’emploi ».
En 2005, adoption du Schéma Régional de Développement Économique et vous dites : « Nous avons pour objectif de mettre l’emploi au cœur du développement économique ».
Là, on dirait du Mitterrand version François, modèle 81, lorsqu’il disait la main sur le cœur et des trémolos dans la voix : « La France ne comptera pas 2 millions de chômeurs, je m’y engage ». On sait ce qu’il advint.
Puis, évidemment la crise de l’été 2008 survint, il fallut à nouveau renouveler et amplifier l’effort de la Région et ce fut le PSEE, Plan de Soutien à l’Économie et à l’Emploi de décembre 2008 et renforcé en juin 2009. Jusqu’en octobre 2009, mise en œuvre des plans de soutien au développement économique et à l’emploi et vous annoncez : « Ce plan est là pour préparer la sortie de la crise ».
Je dois dire qu’il fallait y penser, il fallait oser parce que, pas de chance pour vous, le plan de sortie de crise était lancé, mais en fait de sortie de crise, en fait donc de reprise, c’est la re-crise qui pointe le bout de son nez, comme le dit Jean-Marie Le Pen.
Nul ne pourra contester votre opiniâtreté, chaque fois vous nous proposez le même deal. Les contours changent, les mots qui vont avec aussi, mais c’est toujours la même politique toujours fondée sur votre créneau mondialiste et socialo-libéral et l’interventionnisme à tout crin. Rien ne changera donc. La sarabande continuera, les « mesurettes » régionales proposées aujourd’hui, plan PME ou FRI, ne seront, je le crains et je le regrette, d’aucun effet à juguler la grande vague de l’euro-crise.
« Arrêtez de mettre des rustines là où il faut changer la chambre à air », c’est M. Jacques Dermagne, Président du conseil économique et social le 21 mars 2007 qui le déclarait aux Échos à propos justement de l’action économique du Gouvernement. M. Abad nous a parlé de changer de braquet, de vélo, de roue, là nous considérons qu’il faut arrêter de coller des rustines et ne comptez pas sur nous pour les coller. Je vous remercie.