Intervention de Liliane Boury – 27 mai 2010
Permettez-moi de souligner combien certaines observations du rapport de la Cour des Comptes sont proches de la position du Front National exprimée dans cette enceinte lors des précédentes mandatures. Il y aurait beaucoup à dire sur la définition même d’art contemporain, si contemporain assurément, mais surtout si peu artistique !
Cette conception de l’art n’est pas en effet l’expression contemporaine d’une culture plurimillénaire, tendant objectivement au beau et magnifiant la nature, mais elle en reste au sens littéral souvent au stade anal de la construction de la conscience, puisqu’il faudrait considérer que le seul petit égo du créateur.
Sur le texte même, outre des points techniques parmi lesquels nous soulignerons la légèreté avec laquelle l’association les Biennales de Lyon se joue du respect de la législation dans la passation de marchés pour ses fournitures, ce qui signifie en bon français que règne la plus totale opacité et l’ambiguïté résultant du fait qu’une seule association gère les deux Biennales, nous retiendrons deux conclusions importantes : les charges de personnel en hausse sensible et l’accent mis sur le niveau particulièrement élevé des subventions, avec un chiffrage des retombées économiques d’une fiabilité discutable, ce sont les termes, ô combien mesurés !, du rapport.
La Biennale de la Danse est subventionnée à 80 %, de nombreuses actions de sensibilisation des publics, de médiation, d’accompagnement s’ajoutent pour pousser le public vers des spectacles qui ne l’intéresse guère.
On voit donc clairement que ces Biennales ne sont pas rentables et que, sans subvention, elles disparaitraient. Est-il sain pour la collectivité de porter à bout de bras une activité qui n’intéresse qu’elle-même ?
Il nous est pénible de lire une fois de plus que les spectacles subventionnés ne trouvent pas de public en rapport alors que d’autres spectacles privés, et beaucoup plus chers, connaissent un succès éclatant. Un jour peut-être même vous réaliserez que la gratuité et les subventions massives ne sont pas suffisantes pour trouver un public.
La lecture de ce rapport nous conforte dans notre position, lorsque nous pensons qu’il serait de meilleure gestion et plus conforme aux attentes du public à tout le moins de lier les subventions aux institutions culturelles à la fréquentation et aux recettes propres qu’elles génèrent et, au mieux, de rendre aux Rhônalpins la maîtrise directe de leurs choix culturels, c’est-à-dire, dans un monde plus sain, de supprimer le système des subventions à quelques-uns, toujours les mêmes, ce dont se plaignent ceux qui ne sont pas retenus — comme récemment le théâtre Remue-ménage dans votre ville, Madame — au profit d’un passeport culturel qui permettrait à chacun de choisir directement les formes d’arts qui lui plaisent.
Vous le refusez énergiquement. Est-ce parce que vous savez que vous auriez des surprises ou est-ce la peur du peuple et de sa liberté ?