Par Bruno Gollnisch – 26 mars 2010
Monsieur le Président,
Je prendrai brièvement la parole pour vous adresser au nom de mes collègues élus du Front national mes félicitations, en fonction de cette courtoisie bien naturelle que l’on appelle d’ailleurs, je ne sais pourquoi, « républicaine », comme si la courtoisie avait commencé en France avec la République. Mais ceci est un autre problème.
Je vous adresse ces félicitations d’autant plus volontiers que vous êtes vous-même une illustration de cette courtoisie française et je vous rends hommage à ce titre.
Il est sans doute trop tôt pour commenter la déclaration d’intention politique que vous venez de faire, qui comprend un certain nombre d’éléments indiscutablement intéressants, et d’autres – mais ceci ne vous surprendra pas – de notre avis parfaitement critiquables.
Qu’il me soit juste permis de dire ici, qu’il s’agisse des délocalisations et de la crise de l’emploi, de celle du monde agricole, de l’insécurité dans les transports, qu’à certains égards il me semble que vous faites le constat de l’échec de politiques auxquelles votre formation a eu plus que sa part. Mais ceci fera l’objet, je pense, de débats animés dans notre assemblée.
Nous avons aujourd’hui la chance de voir nos travaux suivis par un public attentif et par les médias, je regrette que le mode de scrutin – dont vous ne portez pas la responsabilité – vous donne en quelque sorte un blanc-seing jusqu’à la fin de la mandature.
Comme le dit un homme politique français qui est un assez bon observateur de l’histoire de la Ve et même d’une partie de la IVe République, je veux parler de Jean-Marie Le Pen, on ne fait pas la queue devant un cinéma où il ne passe pas de film. A partir du moment où les majorités vous sont automatiquement acquises, je crains que cela ne diminue l’intérêt pour les travaux de notre assemblée.
Toujours est-il que je forme le vœu pour que l’absence de sectarisme qui est la vôtre dans la pratique quotidienne se manifeste aussi sur le plan politique.
Je ne demande pas de responsabilité dans l’exécutif, je ne demande pas non plus de présidence de commission, mais je demande ce qui est notre dû en fonction des suffrages qui se sont portés sur notre liste, c’est-à-dire, comme par le passé, la participation aux organismes extérieurs en fonction de l’importance numérique de notre groupe qui, vous le savez, est déjà très réduite par rapport à celle de nos électeurs.
Les élus du Front national ont naguère siégé dans les lycées, avec un peu de perturbation au début, d’émotion bien compréhensible de ceux qui n’avaient pas l’habitude de les y voir, puis finalement les choses se sont très bien passées et ils se sont comportés à la satisfaction des proviseurs, des parents d’élèves et des élèves eux-mêmes en représentants non de leur formation politique seule, mais de l’ensemble de la Région.
Vous avez dit tout à l’heure que nous avions tous comme point commun de siéger grâce aux électeurs. Il n’y a pas ici d’élus à demi-part, c’est ce que je viens aussi d’exprimer, mais permettez-moi de vous dire que malgré tout, cette réflexion que vous avez faites doit être nuancée. En effet, il y a ici 40 élus dans votre majorité dont le siège correspond à votre victoire, certes, au fait que votre liste est arrivée en tête, mais ne correspond à aucune voix, simplement à une prime prévue par un mode de scrutin préparé par M. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, mode de scrutin destiné à tuer le Front national et qui n’a réussi qu’à faire perdre à ses amis la plupart des Régions de France, manifestation sans doute de la justice immanente.
J’espère en tout cas qu’en ce qui concerne au moins la proportionnalité des élus, elle sera respectée par vous et par votre majorité, et je forme des vœux, comme l’a fait tout à l’heure le doyen d’âge, M. Faurobert, pour que nous œuvrions dans l’intérêt commun de notre Région et de notre patrie car je ne crois pas personnellement que les Régions soient capables de réussir là où les états ont échoué.
Je vous remercie.