Intervention de Charles Perrot – 9 juillet 2009
Rapport n° 09.04.446
Lorsque Gérard Brémond en 1967 lança le nouveau concept de station touristique à Avoriaz, nul n’imaginait alors ce qu’allait être la réussite de la société Pierre & Vacances, qui était déjà en germe à cette époque dans le fameux concept d’Avoriaz.
Quarante-deux ans plus tard, on peut et on doit effectivement saluer la réussite de cette entreprise. Nous la saluons donc et nous nous en réjouissons.
Pour corroborer ce que je viens de dire, il est utile de donner la publication de certains chiffres du dernier exercice comptable 2007-2008 de l’entreprise, qui illustrent ce très beau parcours.
En 42 ans, le chiffre d’affaires du dernier exercice est de 1,450 milliard, avec un résultat opérationnel courant supérieur à 100 millions d’euros, un bénéfice net récurrent depuis 5 ans de 75 millions d’euros, soit environ 6 % du chiffre d’affaires, une capacité d’autofinancement de 130 millions d’euros – record historique du groupe, décliné et annoncé comme tel par Pierre & Vacances -, un endettement financier de 80 millions d’euros – ridiculement bas et tant mieux pour eux – qui doit être rapporté aux fonds propres de l’entreprise qui se montent à 470 millions d’euros, ce qui, en termes financiers, si l’on fait le ratio endettement/fonds propres, classe l’entreprise parmi les meilleurs ratios des entreprises cotées en bourse.
Voilà pour situer la performance financière de l’entreprise.
Je note au passage que les chiffres communément admis pour des entreprises, à la Région comme au niveau européen, pour être éligibles à des subventions, sont très inférieurs aux chiffres de l’entreprise Pierre & Vacances ; on parle de 250 salariés, de mémoire, et 20 ou 25 millions d’euros de chiffre d’affaires.
C’est donc un fleuron capitalistique – et je me réjouis que tout le monde ici se rallie à ce sens d’une économie capitalistique -, c’est une entreprise qui fait pâlir de jalousie bon nombre de sociétés actuellement vacillantes dans le contexte de crise de notre économie.
Cette société est cotée en bourse au marché Euronext, elle peut trouver de ce fait sur le marché boursier les capitaux dont elle a besoin pour assurer sa croissance, son développement et le financement de ses investissements. La Bourse est faite pour cela, les entreprises vont en Bourse pour trouver des capitaux pour assurer leur développement.
Monsieur le Président, je pourrais et je devrais m’arrêter là, ces chiffres cités sont suffisants et démontrent à l’envi que Pierre & Vacances n’a pas besoin de l’argent des contribuables rhônalpins pour venir s’installer à Roybon.
Du reste, que vont représenter les 7 millions d’euros de notre Région dans cette formidable machine à cash qu’est Pierre & Vacances ? Il y a des positions assez surprenantes dans des rangs qui, à gauche notamment, ne nous ont pas habitués à ce discours.
Une entreprise performante offre un marketing performant. C’est bien le cas de cette entreprise. Son marketing parfaitement affiné et réfléchi positionne l’entreprise dans une démarche de développement durable, avec lancement d’un plan d’action durable adossé à un partenariat avec WWF France pour une durée de 3 ans, partenariat signé initialement en 2005, renouvelé en 2008 pour une nouvelle période de 3 ans.
J’invite chacun à consulter sur Internet le plan d’action stratégique 2008-2011 de l’entreprise ainsi que le plan d’action durable. Tout y est. Absolument tout. Il est d’ailleurs assez piquant de voir le parallélisme entre la communication Internet de l’entreprise sur ce sujet avec des termes, des phrases, et certains passages du rapport. Quand je dis « parallélisme », on devrait presque parler de « copier-coller ».
Ce rapport nous présente par exemple les engagements de l’entreprise au chapitre des énergies renouvelables pour ce nouveau village comme un effort de l’entreprise qui serait le fruit de plusieurs réunions techniques ; M. Gagnaire a parlé de négociations, avec notre collectivité.
Les orientations volontaristes des porteurs du projet induisent un surcoût très important de l’ordre de 22 millions d’euros, M. Nocodie vient de le rappeler, et c’est ainsi que ce rapport justifie l’aide de la Région sur ce chapitre à hauteur de 3,5 millions et demi.
On dit donc que l’entreprise Pierre & Vacances fait des efforts et dans le cadre de la négociation, il est normal que, pour saluer ces efforts et ces surcoûts, la Région apporte son obole.
C’est cette curieuse impression qui me gêne à la lecture du rapport, que la Région s’attribue – mais comme toujours – le beau rôle, comme si notre collectivité territoriale avait réussi à infléchir dans le sens de sa politique le choix des investisseurs de Pierre & Vacances. Cela permet de justifier les 7 millions d’euros du Conseil régional, les 15 millions d’euros du Conseil général.
C’est encore une fois faux, il suffit d’aller sur la Toile pour constater que l’ensemble des engagements dans les quatre domaines d’intervention cités sont inscrits en clair et en toutes lettres dans les engagements de l’entreprise, antérieurs même au projet de Roybon. Si ce n’est la filière Bois, je vous le concède, bien qu’un chapitre sur la filière Bois indique très clairement, sur le site de Pierre & Vacances, qu’ils privilégieront les essences locales au détriment d’essences exotiques. On retrouve un des aspects de la filière Bois régionale.
En conclusion, j’espère vous avoir fait comprendre qu’il est impossible de trouver une justification aux 7 millions d’aide de la Région au regard de la structure financière florissante de l’entreprise Pierre & Vacances. Pierre & Vacances n’a en rien modifié sa stratégie et ses engagements pour le projet de Roybon, mais ne fait qu’appliquer à ce projet ses propres engagements en matière de développement durable inscrits en toutes lettres dès 2008 dans son plan d’action durable.
Malgré tout, et voulant saluer la réussite d’une entreprise comme celle de Pierre & Vacances, je ne reviendrai pas sur les chiffres de l’intérêt pour la Région, des emplois créés entre autres et de tout ce qui a été rappelé, nous ne pouvons pas voter pour, nous ne pouvons pas voter contre, en conséquence, nous nous abstiendrons.
Merci.