Intervention de Joël Cheval – 29 mai 2008
Rapport n° 08.01.355
Monsieur le Vice-président, Mesdames et Messieurs,
Nous voilà donc avec un nouveau plan. On ne compte décidément plus les plans régionaux en tout genre pour lesquels nous sommes appelés à délibérer. C’est d’ailleurs une véritable inflation des plans, il n’y a pas que l’inflation du baril ! Il y a des plans pour tout : pour le commerce équitable, pour les musiques actuelles jusqu’au décrochage scolaire. Nous sommes très éclectiques en la matière !
Donc devant cette multiplication prodigieuse des résolutions planifiées, la question que nous sommes tout de même amenés à nous poser, outre le bien-fondé des dits plans, c’est celle des actions réellement engagées, et lorsqu’elles le sont, des résultats obtenus.
Par exemple pour ce Plan Énergie des lycées, vous faites référence au Plan Régional des Énergies Renouvelables voté en avril 2005, il y a donc trois ans. Or, où en sommes-nous? L’un des points de ce plan portait sur la nécessité impérieuse notre groupe l’avait souligné–, de répondre aux besoins de main d’œuvre, notamment en plombier du futur et professionnels de l’éco-bâtiment.
Aujourd’hui, trois ans après, au menu, si j’ose dire, du nouveau plan du jour, vous nous proposez, je cite : « D’engager une réflexion -on croit rêver !-, sur la formation professionnelle des personnels des entreprises censés intervenir sur la performance énergétique des bâtiments. » Donc ces trois ans n’ont servi à rien ! On s’aperçoit que « le Roi est nu », malheureusement. Après le bel affichage publicitaire du Plan Régional des Énergies Renouvelables, on comprend que rien n’a été réalisé en matière de formation professionnelle. En tout cas, aucun résultat n’est communiqué à ce sujet, et vous êtes visiblement toujours au stade, je vous cite de nouveau : « D’engager une réflexion. »
Et pourtant, la formation professionnelle relève pleinement de notre compétence régionale. Elle est même, en l’espèce, la condition sine qua non du développement des énergies renouvelables. En effet, sans personnel qualifié en nombre conséquent, les objectifs d’installation que vous présentez ne sont évidemment que poudre aux yeux.
D’ailleurs, Monsieur le Président, pour que l’on puisse valablement se prononcer sur vos objectifs, il nous faut des tableaux de bord avec des indicateurs fiables sur l’état d’avancement de vos différents plans. En effet, vous nous proposez des objectifs de rénovation et de nouveaux équipements, mais quels sont vos critères pour évaluer leurs chances d’être atteints ? Quelle est la valeur de vos critères pour anticiper l’évolution réglementaire sur les normes de construction et de performance thermique, comme vous le souhaitez à juste titre ? Nous ne le savons pas. Nous n’avons rien pour juger de vos critères.
Vous le voyez, si vous prétendez nous engager dans des plans réalistes et être à la pointe de ce qui se fait, il conviendrait de mettre en place ce que l’on appelle un benchmarking, c’est-à-dire une démarche d’évaluation comparative avec des tableaux pour mesurer selon les mêmes critères, les actions, les systèmes, les objectifs de vos différents plans. Seuls des critères permettant la comparaison avec ce qui se réalise ailleurs dans des régions ou des pays plus avancés en la matière peuvent permettre de progresser sérieusement sur ces dossiers.
Les débouchés économiques pour les métiers du BTP et de l’immobilier sont évidents, ils ne semblent pas beaucoup vous intéresser. Ils ne sont pas même évoqués dans votre plan. Pour cela -concernant les débouchés économiques-, encore faudrait-il s’en donner les moyens ordonnés.
Un mot pour conclure sur, je vous cite : « L’éducation au développement durable ». En effet, si vous êtes peu disert sur la formation professionnelle et les perspectives du développement industriel en matière de performances énergétiques, c’est dommage ; en revanche, vous nous réservez cette espèce de tarte à la crème des nouveaux bobos qui est l’éducation au développement durable.
Il est bien évident que l’instruction aux pratiques économes et écologiques de bon sens relève des cours de l’éducation civique de notre Éducation nationale. Cette instruction n’a donc rien à voir avec cette espèce d’endoctrinement idéologique que vous proposez de faire payer aux contribuables d’ailleurs hors compétences régionales–, et qui consiste le plus souvent à culpabiliser l’homme occidental, présenté comme trop riche, pollueur, et quand, dans le même temps, la mondialisation que vous encouragez fait des pays émergents, notamment l’Asie, non seulement les producteurs les plus pollueurs au monde, mais aussi les plus grands consommateurs industriels d’énergies fossiles, eh oui ! Ce à quoi il faut ajouter pour conséquence l’explosion des transports mondiaux et leur débauche d’énergie.
Encore une fois, je crains donc que votre plan du jour pour les lycées ne soit qu’un plan de plus, et surtout un plan média, une nouvelle publicité électorale en trompe-l’œil, un plan qui ne réalise pas plus d’objectifs que le précédent, c’est-à-dire rien, en matière de formation professionnelle et de développement économique pour les métiers nouveaux de l’énergie, hélas ! Je vous remercie de votre attention.